2 janvier 2017
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08:00
Un moment étrange. Le film, ou la pièce, n’a pas commencé. Peu de spectateurs, il est trop tôt. Ce qui compte c’est la femme assise, sage, attentive, un peu raide. Résignée aussi. Ce qui va se dérouler sous ses yeux ne regarde qu’elle. C’est à peine si nous percevons l’estrade, entrevoyons le rideau.
Elle est belle, jeune encore. Sa robe dévoile des bras blancs et potelés, une ligne fine, laisse entrevoir de petits seins pointus, s’enroule aux genoux. Glisse sous les doigts. La femme est distinction, détachement, recul. Elle est une île au milieu des vagues de velours que sont les fauteuils. Il y a ce mur comme en prison, blafard, interminable. La porte à ses côtés est échappatoire. La remarque-t-elle ? Elle baisse les yeux, renonce-telle ? Son nez est volontaire, ses joues sont creusées. Ses talons marquent la moquette au sol. Elle est sur le point de… Elle a trouvé sa place, excentrée, choisi son jour, dimanche 1er janvier.
Elle pense à son couple, solide, un peu terne, à ses enfants éloignés. Qui ne reviendront que pour lui placer un bébé entre les bras. Elle a des pulsions, des passions que son métier ou les voyages ne comblent pas. Elle a une vie devant elle, vers laquelle embarquer. Quitter l’île ! Elle ressent des fourmillements dans les pieds. Gagner l’estrade, succomber à l’appel de sensations extrêmes, de situations fantasques. Crever l’écran 2017. Renaître.
La femme est sur le point de se lever.