Je me dis qu’il serait bien agréable parfois de me reposer sur un banc, la tête au soleil protégée par un chapeau de paille. Je laisserais le vent malmener ma tunique rutilante et soulever le crin de ma chevelure. J’étirerais mes pieds nus dans mes tongs. J’attendrais que la journée s’écoule molle et prévisible, uniquement lestée de lumière et d’obscurité passant sur moi comme l’ombre d’un parasol. Je ne penserais à rien, pas même que l’insolation me guette. Les champs fraîchement tondus indiqueraient qu’août touche à sa fin. L’air serait moins lourd et plus frais que ces derniers jours. Un lézard poursuivrait sa course folle sur le muret derrière moi en se faufilant sous mes épaules. Le chatouillis d’un papillon butinant mon corsage me troublerait délicieusement. Serais-je donc animée, vivante ?
Et je retomberais en léthargie jusqu’à l’automne, jusqu’à ce que mon costume flétrisse et tombe, laissant ma carcasse de fer rouiller sous le gel et la pluie.