23 juin 2014
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J’ai pris l’Orient Express avec Agatha et Graham et autant vous dire que la traversée de Londres à Bagdad fut exquise. Cette nouveauté consistant à traverser pays et frontières sans obligation de halte pour déjeuner, dîner ou dormir, ce luxe, ce bonheur nous a été accordé. Il faut dire que nous, acteurs, poètes, hommes politiques, chefs d’état, écrivains, ou héros de romans avons des privilèges. Dans ces wagons au décor en bois d’acajou et réalisations de Lalique, il est divin de boire le champagne en compartiment intime, ou de jouer aux cartes, taper à la machine, lire le figaro, fumer une cigarette, déguster un verre de cognac, boire un café. Et ce train sème la magie partout où il passe : Istanbul, Louxor, Assouan ont planté des hôtels de luxe sur son passage, Venise a construit une digue traversant la lagune jusqu’à la gare. La vitesse, le confort, quelle griserie ! Rendre l’Orient accessible, y confronter ses fantasmes à une réalité moins flatteuse, fait progresser le monde, nos deux mondes sont complémentaires !
Il faut croire que c’est à cette période que maman, enceinte alors et grande admiratrice d’Agatha, m’a communiqué le goût des voyages et des situations rocambolesques, de rencontrer d’illustres personnages comme Einstein, Franco ou Popov, de me promener à dos d’éléphant et de planquer des cadavres n’importe où. Cela explique en tout cas pourquoi à l’aube de mes cent ans je refuse de fêter mon anniversaire dans cette foutue maison de retraite, et préfère me faire la malle. Fuir à Bali, quel extase !
Ou comment faire le lien improbable entre deux activités qui ont comblé mon dimanche : musarder à l’IMA à Paris à bord de l’Orient Express, puis quitter le train en marche, me rendre au cinéma et voir « Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire ! » : jubilatoire !