Elle ramait, suait, avait les bras, le bas du pantalon et les jambes trempés, ne sentait plus ses fesses sur le bois du canot. L’air était doux maintenant, elle frissonnait en embarquant mais elle venait d’ôter son pardessus afin d’offrir ses épaules à la morsure du soleil. Elle était ravie par le spectacle qu’offrait l’eau plissée du lac, aux reflets tantôt bleus, tantôt gris, couverte de brumes de chaleur par endroits et qu’un soleil matinal parait de lucioles tout en projetant un écran d’or et de poussière sur les pins le long des rives. Au loin les cimes des conifères s’ennuageaient. C’était la fin de l’été, elle profitait des derniers jours de vacances et se vidait l’esprit avant d’affronter l’avenir. Parce qu’il serait gris, opaque et non floconneux comme le ciel ce matin-là, parce qu’il rimerait avec fureur et bruit. Et au milieu du lac, la nature silencieuse ménageait un cocon protecteur au sein duquel elle puisait des forces.