29 septembre 2014
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08:00
Par solidarité avec mes confrères et pour préserver le rôle du pharmacien, je fermerai mon officine le mardi 30 septembre.
Mon métier consiste principalement à délivrer des ordonnances prescrites par des médecins, à m’assurer de la compréhension des posologies et de leur observance. Bien sûr, je ne sais pas ce qui se passe au domicile du patient, je me fie à lui, de même que lui me fait confiance.
Car ce métier est basé sur la confiance et l’échange. Il n’est pas seulement question de vendre et de faire du chiffre. Lorsque les clients entrent pour un conseil, ils attendent un soulagement ou une guérison. Alors ils se dévoilent, un peu, beaucoup, ils ne veulent pas se tromper. Ainsi hier, l’un deux m’a réclamé un tube de Pévaryl crème. Si devant son hésitation, je n’avais pas insisté, c’est pour quoi faire ?, je n’aurais pas compris qu’il souhaitait soigner des hémorroïdes avec une crème pour les mycoses. Il s’agit ici d’une erreur d’indication mais il existe aussi les contre-indications, les surdosages, les oublis.
Je ne compte pas sur la grande distribution pour signaler, guider dans les achats, attirer l’attention de la patientèle. Je ne compte pas sur internet pour prévenir les contrefaçons. Je ne crois pas que des capitaux extérieurs investis dans les pharmacies par des non pharmaciens, soit une bonne chose. Car l’intérêt du patient primera-t-il dans ces conditions ?
Je tiens à notre mode de fonctionnement à la française même s’il a évolué et évoluera encore, depuis trente ans que j’exerce ce métier. J’appartiens aujourd’hui à une coopérative de pharmaciens car il faut savoir se grouper pour résister. Je travaille avec un petit laboratoire de génériques français dont le PDG est un ancien camarade de promotion, j’ai notre modèle français à cœur, je le répète.
Je finirai par cette aventure qui m’est arrivée cet été dans un supermarché alors que je visitais le Québec, dans la région de la Mauricie. En discutant avec la pharmacienne, je lui indiquais que la plupart des médicaments en libre-service dans ses rayons, se trouvaient derrière le comptoir chez nous. Elle me répondit du tac au tac, sans réaliser le double sens de ses propos :
- On prend pas d’chance de laisser les gens choisir chez vous, vous avez un gros derrière alors !
Eh bien oui, j’ai un gros derrière et j’assume. C’est pourquoi, je défilerai, mardi !