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20 avril 2015 1 20 /04 /avril /2015 08:00
DEFI 143: LE PLUS DIFFICILE

Défi 143 chez Enriqueta pour les Croqueurs de mots, dont le thème est malade.

 

Le plus difficile ou le plus facile peut-être, est d’écouter. Un client peut ne pas se plaindre, ne pas évoquer son mal, ni même demander conseil quant à ses médicaments, les posologies, les effets secondaires… Il se tient face à moi, il me regard pianoter sur le clavier ou fixer l’écran et il attend que je lui donne son petit sac. Le plus souvent ce client-là a un rhume, une angine, ou une maladie chronique qu’il maîtrise plus ou moins. Entre nous c’est consensuel, banal, un peu ennuyeux. Entre nous, il ne se passe rien, c’est un peu… jouer à la marchande. Car la maladie n’est qu’un dérèglement de la machine qu’il suffit de recadrer afin qu’elle continue de filer droit.

Parfois, on ne soigne pas, on aide un peu, à notre niveau. Dans une pharmacie, il faut prendre le temps de regarder le malade, de détecter un appel, même minime, et d’encourager face à un mal dont chacun connaît l’issue… sans issue. Ces personnes auxquelles on ne délivre que somnifères, anxiolytiques et anti douleurs, et qui disent : « Je n’ai pas de chance, vraiment pas de chance » en se grattant la tête, risquent timidement: « est-ce que ça ronge les os, comment ça fait ? » avant de se fermer ensuite, ou insistent au téléphone quand l’officine est remplie de clients qui rongent leur frein: « je ne deviens pas folle, non, je suis toute seule, et j’ai envie de passer par la fenêtre »… Ces personnes n’attendent pas grand-chose et pourtant il est essentiel, ce petit grain, qui va se nicher dans les cœurs comme celui qu’on introduit dans les huitres. C’est un instant de partage qui passe par un regard franc et sans pitié, un regard déclarant que nous sommes tous passagers d’un même bateau. Au téléphone, c’est l’intonation qui délivre le même message. Il arrive alors que quelques jours plus tard, le client revienne ou rappelle et dise : « excusez-moi pour l’autre jour, j’allais mal et ça m’a fait du bien de vous parler ». Alors on sourit, on se sent utile et redevable aussi. Car celui qui se tient de l’autre côté du comptoir ou du combiné, nous apprend à accorder du crédit à chaque jour.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

É
Se sentir compris et écouté par le pharmacien peut-être effectivement très important, selon sa pathologie.
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L
Voui, mon pharmacien qui est une femme jeune, dynamique et généreuse passe autant de temps à parler à sa clientèle qu'a distribuer les cachous. Et je suis ravie de pour lui raconter mes heurs, bonheurs, et malheurs cela fait passer la pilule ! <br /> avec le sourire
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M
Alors ta pharmacienne est telle que je conçois ce métier, bravo à elle!
L
En Grèce on va voir le pharmacien avant le médecin, puis,c'est chez le pharmacien que l'on va pour faire vérifier son taux d'insuline ou sa tension... Pas de quoi s'ennuyer à l'officine !!!
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M
Le pharmacien a donc un rôle important, on essaie d'en arriver là en France mais cela soulève pas mal de protestations! Merci Liza
D
J'imagine que ton métier n'est pas facile, mais tu sembles le prendre très à coeur. C'est vrai qu'on à parfois tendance à vouloir se confier plus que de mesure à son pharmacien. Je vais te raconter une petite anecdote. J'ai trois fils, l'un d'eux un jour a attrapé, je ne sais pas trop comment, des poux pubiens lol!!! Bien évidemment il avait trop honte pour aller demander un shampoing à la pharmacie. C'est donc moi qui ai du me sacrifier. j'ai attendu presque la fermeture de la pharmacie pour me décider à demander la solution miracle au pharmacien que je connaissais bien. Il y avait deux personnes encore dans l'officine. Le pharmacien avait le nez dans son frigo, j'en ai profité pour me faufiler derrière le comptoir et lui chuchoter que mon fils avait des morpions mdr!!! Là il rentre dans une grande littérature en m'expliquant sans aucune discrétion qu'il n'y avait rien de honteux que ce n'était autre que des poux. Puis il me donne un shampoing anti-poux . C'est à ce moment là que je lui ai dit que si j'avais su je lui aurais dit que mon fils avait bêtement des poux hihi!!! <br /> Avec le temps et trois gars je ne me suis plus étonnée de rien.<br /> Bisous Mansfield et merci pour ton partage.<br /> Domi.
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M
Une anecdote comme beaucoup de celles que je vis à l'officine, les hommes sont souvent plus gênés que les femmes, et les jeunes d'autant plus, mais dédramatiser est notre rôle et rien n'est jamais ridicule, le plus important est d'apporter une solution aux petits bobos
E
Un témoignage très émouvant. Merci pour cette participation si profondément humaine.
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M
Merci Enriqueta, on voit de tout dans une pharmacie et il est toujours difficile de faire face à la détresse.
F
on a bien besoin d'avoir qq à notre écoute surtout quand on souffre
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M
Qui écoute, qui donne un peu de son temps, c'est vrai, merci Flipperine.
F
Lorsqu'on va toujours à la même pharmacie, des liens se créent avec le pharmacien. Et c'est parfois rassurant, d'avoir un bon conseil, un peu d'écoute ; Cela n'a pas de prix!
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M
Merci Fanfan, l'écoute c'est 80 pour cent du métier! et pourtant combien d'autres tâches nous mangent le temps!
D
merci pour ce beau texte ; à la pharmacie, comme ailleurs, souvent le chiffre seul compte .. heureusement, il existe encore des personnes aimables et attentionnées. Bonne fin d'après midi
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M
En effet cette notion de chiffre est devenue un peu trop primordiale à mon goût!
M
Qu'il est réconfortant d'avoir affaire à un pharmacien d'officine (ou hospitalier, lorsqu'il se rend parfois auprès des patients) disponible d'écoute sans être inquisiteur, de bons conseils sans être un condescendant pédagogue.
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M
C'est vrai parfois certains sont condescendants, peut-être pour maintenir une distance protectrice!
J
j'ai des "bons" souvenirs de "mon" pharmacien de ma jeunesse qui préparait ses sirops perso...avant l'officine trop "supermarché". il connaissait la famille et savait tout de suite si un sucre d'orge suffisait ...ou nous conseillait sérieusement<br /> bonne journée
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M
Tu résumes parfaitement l'évolution pas toujours intéressante du métier!
M
A la pharmacie du canton il y a toutes sortes de gens comme ailleurs, ceux qui ne veulent pas savoir, ceux qui veulent pas en parler, ceux qui sont las, qui souffrent, ceux qui parlent, bien trop longtemps, ceux effectivement qui ont besoin d'aide et ça on le comprend ... Il y a aussi des pharmaciennes (ou pas) discrètes et à l'écoute, qui répondent à vos interrogations, et d'autres qui vous noient sous un flot de conseils alors que vous prenez ces cachet banals depuis des années, et dont vous n'ignorez rien, qui veulent tout savoir aussi, quitte à vous poser des questions inutiles, ou déplacées, il faut de tout pour faire un monde... C'est bien de garder la bonne distance encore faut-il sentir les appels au secours et je pense que dans votre officine il y a des cas bien désespérés qui méritent attention, conseils et humanité...
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M
La bonne distance est effectivement difficile à trouver mais une fois cela fait, elle permet de vrais échanges enrichissants!
M
La bonne distance est effectivement difficile à trouver mais une fois cela fait, elle permet de vrais échanges enrichissants!
M
La bonne distance est effectivement difficile à trouver mais une fois cela fait, elle permet de vrais échanges enrichissants!
A
Le pharmacien ou la pharmacienne, des personnes qui ne peuvent être de simples commerçants, on ne vient jamais chez eux comme on va au super-marché...
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M
Je suis heureuse de lire ces mots qui justifient mon rôle dans ce métier!
M
Je suis heureuse de lire ces mots qui justifient mon rôle dans ce métier!
L
Il est parfois difficile d'entendre mais c'est un art d'écouter l'autre...!<br /> Je te souhaite une agréable journée quand tu seras rentré de ton officine gros bisous
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M
Merci Gégouska, te lire est aussi bien reposant!
R
Tu fais un métier qui n'est pas facile tous les jours mais tu dois aussi faire de jolie rencontre avec quelques clients sympa et habitués...et puis tu aide alors bravo. Bisesssssss
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M
Merci Renée, à bientôt chez toi!
N
Entre maladie et vieillesse, je ne donne pas cher pour mes jours à venir !<br /> Bisous !
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M
Chut, je sais que les mots sont ton meilleur remède mais comme je ne les vends pas,moi ou tout autre pharmacien ne pouvons pas t'avoir comme cliente régulière, alors garde ton secret!
M
écouter c'est un art. Une personne malade désire que l'on soit à son écoute. Ecouter n'est pas seulement ce qu'il dit par les mots. Mais dans son regard et les expressions de son visage. Ce que tu dis à la fin est très juste.
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M
Merci pour cette remarque qui me touche
M
Si tous les pharmaciens pouvaient être comme toi. J'en ai connu quelques uns comme toi mais beaucoup ne sont que des commerçants au sens péjoratif du terme et c'est ceux la qui vous regardent de haut de manière méprisante comme si vous n'y connaissiez rien. Si, si c'est du vécu....
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M
Je ne te contredis pas Martine hélas, mais j'espère que tu rencontres aussi des interlocuteurs plus réceptifs, plus sympathiques!
J
Bonjour madame la pharmacienne, je viens sans ordonnance vous faire un p'tit bonjour... Nous avons besoin du toubib et du pharmacien dans nos vies... et un jour du croque-mort !! ;-) Bon lundi...
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M
Pince sans rire comme toujours, merci Jill!

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