1 juin 2015
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Consigne 146 proposée par Lilousoleil J’ai choisi de laisser mon imagination vagabonder sur les vocalises de Natalie Dessay
Je manipule la tête de lecture en passant près de la platine. Ma chaîne est une antiquité mais rien ne vaut le microsillon pour écouter des vocalises. En tournant, le disque étire une voix cristalline qui me dénoue les muscles.
Je suis l'héroïne d'une de ces séries policières britanniques, je me cale dans un canapé de cuir, un verre de whisky posé sur la table basse, à côté de mon pied nu. Mon autre pied repose à moitié sur une charentaise et sur le plancher. Le chien, un cocker aux oreilles ramasse-poussière ouvre un œil de temps en temps afin de s’assurer que je ne dorme pas tout-à-fait, ce qui le priverait de sa ration de croquettes du soir. Je ne fume plus et mon cendrier déborde de papiers de bonbons. Il y a de petits moutons de poils sous le buffet, et dessus, dans la coupe de fruits, les pêches ont une drôle de couleur. Mon courrier, des factures surtout, s’entasse sur la tablette du téléphone qui ne supporte plus de téléphone puisque le petit rectangle plat est avec moi, sur le canapé. On se tient chaud tous les deux. A travers les rideaux, et juste à l’endroit où ils s’écartent, le gyrophare du camion poubelle fait danser mes pétunias accrochés à la rambarde du balcon. J’ai la tête qui tourne, les idées pas trop claires et il y a ce bip, bip lancinant qui chatouille mes oreilles. Je me frotte les yeux et je m’étire. Je renverse mon verre, grogne puis réponds au téléphone. On m’appelle sur une enquête. C'est souvent comme ça, il me faut fermer cette parenthèse de bienheureuse solitude.