28 septembre 2015
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L’un de mes grands-pères est originaire des Anses d’Arlet en Martinique. Il y fait bon passer le temps, se promener tôt le matin sur la plage. L’air est doux et les vagues clapotent sur la jetée. L’eau est claire, les poissons se déplacent en bancs argentés et ne cherchent pas à fuir les pêcheurs. Ils se laissent mollement capturer, chaque ligne ramène un trophée. Après la messe, vers huit heures, ces dames sortent de l’église, face à la mer. Elles portent de jolies robes et un chapeau de paille. Elles interpellent le touriste, l’une d’elles m’invite à déguster la langouste dans son restaurant situé plus loin à Petite Anse.
Les rues sont calmes et déjà engluées de chaleur. Les boutiques sombres laissent entrevoir des marchandises entreposées pêle-mêle et qui attendent d’improbables acheteurs.
Mon nom de famille est très présent ici. Porté par les rues, ou inscrit sur les plaques de cuivre de ceux dont la profession l’exige. Au cimetière, il s’incruste autant sur les tombes éventrées du début du siècle dernier que sur les carreaux de faïence nouvellement posés. Tout le monde est cousin ici, vous avez forcément de la famille et vous ne le savez pas, m’a-t-on-dit. Vous êtes arlésienne. C’est la deuxième fois depuis dix ans, que je reviens aux Anses d’Arlet, que j’y côtoie des ombres, que tout le monde parle de moi sans me voir, finalement. Ou sans me connaître. Je m’y sens importante, bien loin de Daudet et de sa Provence, j’alimente les conversations. Je suis l' "Arlésienne"aussi.