14 décembre 2015
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Selon le souhait de lilousoleil pour ce 156ème défi des Croqueurs de mots, et avec un peu de retard, voici mon conte ou plutôt mon délire de Noël
Attrape Noël par les cheveux, c’est ce qu’on m’a demandé. Tu le trouves, tu le captures, tu me l’amènes et on lui fera sa fête. Pas facile comme consigne et puis qu’ai-je à y gagner, faire sa fête à Noël, ça signifie quoi ? Le couper en quatre ou lui porter un toast ? Et puis à quoi ressemble-t-il, est-ce un enfant ou un homme, une grenouille ou un prince ?
J’ai demandé à Sancho de m’accompagner. Sancho n’est pas espagnol ni mexicain, il a le sang chaud tout simplement. Et pour emprisonner Noël, il valait mieux prendre quelques précautions et solliciter l’aide d’un vrai bagarreur. Nous en avons parcouru du chemin tous les deux, Sancho a souhaité courir la pampa, euh la campagne, et s’est arrêté devant la boutique de Jo le boucher. Il lui a promis une livraison d’enfants tout frais à dépecer rapidement. Nous avions tout prévu. J’avais enfermé trois mômes dans un sac en plastique et tandis qu’ils gigotaient je leur avais chanté une berceuse à ma façon. Ils n’ont pas tardé à s’endormir.
Alors là mes trois petits neveux, qui m’écoutaient bouche bée et les yeux grand ouverts, se sont bidonnés :
« Toi, tatie, tu chantes comme une casserole, ça les a sûrement assommés ! »
Impossible d’effrayer ces morveux !
Avec Sancho nous avons installé nos trois victimes sur l’étal de la boucherie. Il a fallu le nettoyer et jeter tous les morceaux de graisse et de nerfs qui traînaient partout. Pour faire du saucisson d’enfants il est obligatoire d’attendrir la viande par des chatouilles. On entendait des rires jusque dans le ciel. Tout naturellement Noël, curieux, est descendu. Il avait une tête de papi avec une barbe blanche. J’étais stupéfaite et Sancho lui tournait autour en criant « Arriba arriba ! » Bon oui, d’accord, Sancho a un petit côté hispanique.
« T’as jamais vu le Père Noël m’a dit un neveu et on parie que tu ne sais même pas qui te paye pour lui tendre un piège. Et puis t’es bête parce que c’est toi qui va tomber dedans…
- Tu peux m’essuyer parce que j’ai fini de faire pipi ! a demandé l’autre »
Sancho a attrapé le père Noël par la hotte mais elle s’est déversée sur lui. Un train électrique lui a râpé le nez et une poupée qui avait un arc et des flèches l’a éborgné. Il court encore ! J’ai voulu réagir mais un renne m’a embrochée par les fesses.
Mes petits neveux se sont pliés et roulés à terre en me traitant de dinde !
« Tu vois ce que c’est que de travailler pour le père fouettard ! »
Je ne savais pas moi pour qui je bossais. J’avais reçu mes instructions par la poste avec un chèque. Ça m’apprendra car les trois enfants, libérés par le père Noël ont attaché le boucher et l’ont pendu par les pieds dans la chambre froide. Et moi j’ai un gros pansement où vous savez. Plutôt compliqué pour m’asseoir !
« Ecoute tatie, au lieu de raconter des histoires idiotes, où tu confonds Saint Nicolas et le père Noël, tu ferais mieux de poster notre courrier de Noël, ou de le lire, ça te donnerait peut-être des idées ! »