25 janvier 2016
1
25
/01
/janvier
/2016
10:00
Prendre la zapette et mettre le temps sur pause. On en a tous envie, ne serait-ce que pour juger du temps parcouru, se confronter à soi plus jeune, aux autres et essentiellement à ceux de notre génération. Voir comment ils ont grandi, physiquement et dans leur tête. Mesurer l’importance qu’ils avaient ou ont encore à nos yeux, repérer des erreurs, lever ou instaurer des doutes, pousser des soupirs. Regrets, soulagement, bien-être.
Les occasions ne manquent pas, le retour sur soi est quasiment obligatoire aujourd’hui grâce au net, aux réseaux sociaux, aux communautés. On se souvient, on se revoit ou pas, on se raconte aussi, on poste des photos d’hier ou des clichés actuels. On fige le temps. C’est ce qu’on croit.
Si je dis ça c’est que je viens de revoir Marius sur Arte, le tout premier évidemment, celui de Pagnol et d'Allégret. La première fois que ça « m’a fendu le cœur » j’avais huit ans et j’écoutais le texte dans la chambre de mes parents. On avait placé un trente-trois tours sur un tourne disques. Alors pour raviver mes huit ans, mon insouciance, pour me retrouver vautrée sur le lit avec mon chien Moustache et ma poupée Hélène, il a fallu que je ferme les yeux, que je me détourne de l’écran. Car le film regardé avec mes yeux d’adulte n’avait pas la saveur du passé.
On se raconte des « trucs de couillon ». Le passé c’est comme la poussière, ça se dépose. Alors pour le remuer on soulève les bibelots, les souvenir quoi, on passe un chiffon et on ne repose pas le cendrier ou la photo de grand-mère exactement au même endroit. Les souvenirs, ils ont bougé et c’est déjà plus les mêmes. Du temps a encore passé.