13 mars 2017
1
13
/03
/mars
/2017
08:00
C’est presque le printemps, époque du renouveau de la nature, les cerisiers sont en fleur, les jours allongent entre grisaille et soleil pâle. Le fond de l’air est relativement doux. Les poussettes envahissent les trottoirs, des grand-mères au sourire plissé se penchent sur de petites frimousses aux joues rougies, portant bonnet. Les parents fiers d’être parents pilotent de petites voitures sophistiquées aux formes arrondies, succombant à la mode et au progrès, dignes des 24 heures. On se toise, on se salue, se complimente sur la vie qui nous pousse irrémédiablement vers la sortie. A coup de chaussons roses ou bleus.
Mais je pense à ces femmes, de plus en plus nombreuses au comptoir et dont les ordonnances renouvelables à volonté préconisent Ovitrelle, Décapeptyl, Gonadotrophine et autre progestérone. Je pense aux espoirs, au découragement, à l’anxiété, la rage que peuvent déclencher ces tentatives de grossesses. Ces calculs, ces ruses avec les horaires, ces allées et venues entre hôpital, pharmacie, infirmières. La hantise du temps qui passe, la honte incontrôlable, la frustration qui s’emparent de ces femmes. La timidité, la culpabilité de coûter si cher à la sécurité sociale. Je pense que le printemps est, dans leur cas, ressenti bien cruellement quand vient l’échec.