En l’apercevant sur le trottoir ce dimanche 9 avril, jour de plein été, je n’ai pas su quoi penser. Il était encore bien droit à défaut d’être bien vert. Il avait encore fière allure quoique sec et dégarni. Le printemps lui avait fait croire qu’il pouvait encore plaire, alors il s’est dit pourquoi pas…
Moi, je me demandais pourquoi il avait du temps évité l’irréparable outrage. Miséricorde ou négligence ? Pitié, amour, clémence, charité, tentative d'expérience quant à sa longévité… A-t-il été l’objet d’un pari, d’une blague ? A-t-on souhaité que j’écrive à son sujet, que je le décrive ? S’est-on rappelé que Pâques approchait, que ça faisait désordre ? Aime-t-on l’odeur des aiguilles sèches et leur dispersion sur le sol d’un appartement ? Lui avait-on promis de passer l’hiver au chaud ? L’a-t-on chassé comme un malpropre dès la levée d’interdiction de chasser les mauvais payeurs?
Et s’il était resté tout seul pendant qu’on s’amusait ailleurs depuis tout ce temps ? Et s’il veillait stoïque la dépouille d’un inconnu dont le sort n’inquiétait personne ? Hum… Et si c’était un original, une vedette, une star, un expert dans l’art de faire parler de soi. Objectif atteint!