Octobre a ses clichés. Il est question de couleurs, de clarté, d’odeurs, de pluie, de vent, de grippe. Octobre rogne sur le jour, cuit des châtaignes, ramasse des noix, confiture les coings. Octobre a sa Marie, sa nuit blanche, aime le rouge, le noir et l’orange. Octobre cache des sorcières dans des citrouilles, sème la peur, offre des bonbons.
Octobre craque sous les pas, pousse champignon, mousse au pied des arbres. Octobre brille jaune vif et froid, grisaille humide, chauffe à midi. Octobre oblige à l’écharpe et au bras de chemise, au bonnet et aux lunettes de soleil. Octobre s’amuse à nous surprendre, fomente des révolutions, organise des grèves. Ici octobre est transition, avance vers l'hiver et sa morosité. Pourtant octobre signe l’automne ou le printemps, octobre se fiche des continents.
Alors je me console. Je rêve d’octobre tout là-bas, chaud, printanier ou tropical. Qui se complaît dans la lumière, caresse les épaules, fait frissonner une végétation verdoyante. Qui ronge la nuit, ouvre les fleurs, promet de longues soirées enivrantes. J’oublie que novembre approche et Noël et les grands froids. Je prends mon mal en patience…