29 janvier 2018
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15:00
Ça a commencé bêtement. Moi en vieux pull élimé, jogging, pantoufles, devant la porte de la voisine. Elle en robe de chambre, brosse à dents, dentifrice, après que j’ai sonné. Les excuses, à sept heures, ce matin-là, furent brèves. « C’est mon chat, j’avais dit, il est chez vous et il risque de tomber en retournant vers notre balcon ». Elle m’a gentiment invitée à entrer. Noël se profilait, le sapin clignotait. On aurait dit un poste de commandement avec des machines, des ordinateurs partout.
J’avais dû me cacher car mon chat se repliait déjà et tentait d’investir de nouveau le territoire voisin en m’apercevant. Raidies comme deux voleuses en alerte Christine et moi, nous le vîmes regagner ses pénates avec flegme. Je m’étais confondue en excuses longuement cette fois. J’avais cependant déclenché la guerre en insinuant : « Si vous laissez de la nourriture sur la table du balcon, il risque de recommencer.
― Mon frigo est trop petit, a-t-elle benoîtement déclaré. Je n’ai pas d’autre choix ». Je crois qu’elle me narguait en réalité.
Je n’avais qu’à surveiller mon Pâris, potentiel chapardeur de cuisse de dinde. Elle était Ménélas et Agamemnon réunis, ne pensait qu'à l'abattre. Elle ne percevait pas les manquements de son réfrigérateur. Cette guerre de Troie serait fatale. Pâris le troyen n'est-il pas mort assassiné par Philoctète, le grec ? J’ai rehaussé le grillage de séparation de nos balcons. Mais les miaulements de mon félin ont une résonance équine. Je sais qu’il rêve de se transformer en cheval.