Il arrive sur le soir, doucement. Il mange d’abord les couleurs de l’après-midi qui noircit. Le vent fraîchit, souffle par rafales. Les nuages pèsent sur nos crânes en surchauffe. Le silence se fait momentanément, comme si chacun guettait les premiers signes. Par les fenêtres entrouvertes on ne perçoit que des bruits des couverts que l’on pose pour le dîner. Les balcons sentent la terre, le parfum des fleurs est entêtant. Et leurs couleurs tranchent sur le gris du béton et du ciel. Les premiers grondements font fuir les oiseaux qui piaillaient jusque-là, insouciants. Une sirène glapit au loin. La pluie clapote sur les toits, on ne l'entend pratiquement pas. Mais dans la rue les voitures chuintent plus qu'elles ne roulent. Il faut rentrer le linge sur le balcon. Se préparer aux trombes d'eau, à ces torrents qui dévalent et emportent tout sur leur passage.
Et puis, rien. Absolument rien. Le calme, des trottoirs à peine luisants, les tuiles des maisons un peu plus sombres, un peu plus lisses. A quand l'orage?