Celui-ci est à Végas. Il est juste un peu plus kitsch, un peu plus lumineux que certains. Il possède un bel aquarium qui hypnotise les visiteurs. La ronde des poissons dans une eau turquoise, ce mouvement lent, incessant devient obsédant. Il fait rapidement partie du décor, tout comme les spots et les plafonniers. On n’y accorde plus d’importance, surtout lorsqu’on est à l’accueil, qu’on s’occupe des réservations et de l’attribution des clés.
Pourtant quand on arrive, c’est lui qu’on remarque avant tout le reste. Parce qu’il est tout le reste. Les va et vient d’un hall d’hôtel, ce côté un peu froid, la barrière de verre. Les mouvements lents et saccadés, un peu ahuris de visiteurs étrangers, les sprints d’hommes d’affaires pressés. L’ascension dans les étages, la plongée en profondeur. Les robes légères et scintillantes des dames, les costumes rayés, zébrés, soyeux.
Dans l’arrondi des comptoirs il y a le tourbillon des jours, leur monotonie, l’absence de soleil, l’emprisonnement. Mais la magie des lampes, des cadres, des vases, suscite l’émerveillement, alors on oublie.