L’autre jour à la pharmacie, elle évoquait la distance qu’il convient de maintenir entre les personnes. Ce côté respectable, tolérable qui permet la vie en société. Elle me disait qu’à son arrivée en France, elle voulait prendre les gens dans ses bras, elle parlait fort, abordait n’importe qui. Elle se montrait tactile, enjouée, rieuse. Et puis elle s’est aperçue qu’on reculait, on s’éloignait, on la fuyait. Alors elle s’est fait expliquer. Ici on ne se lance pas dans de grandes effusions, on modère ses actes, ses gestes, ses paroles. Même si on se bise, deux, trois, ou quatre contacts brefs selon la région, on ne franchit pas la distance sociale.
On ne dit pas à n’importe qui qu’on le trouve beau, qu’il a une belle voix, de beaux yeux. C’est bizarre, agressif ou entreprenant. Elle s’est fait une raison. Elle a le Brésil dans le sang. Quand elle y retourne, c’est la chaleur qu’elle retrouve, toutes les chaleurs. Ce n'est pas le nouveau parti au gouvernement qui changera ça.