J’ai 60 ans me dit-elle, et je le sens bien. Avec un glaucome dont le traitement crée des effets secondaires tels que palpitations, perte du goût, vertiges, hausse de tension, avec de l’arthrose, des polypes, brefs avec tout ça, je vois bien que je baisse.
Alors je marche. Pour aller au travail, je traverse un jardin, j’écoute les oiseaux, le bruissement du vent dans les arbres, j’oublie Paris le temps du trajet. Le matin à la fraîche et d’un pas alerte, je ne croise personne. Et puis j’ai le théâtre, le cinéma, les musées, mes amis. Mes cours de gymnastique du dos et de sophrologie aussi. Qui m’aident à tenir.
Le dimanche à la campagne je m’occupe de mes ruches, je parcours les bois à vélo, dans la brume. J’organise des représentations théâtrales, la mairie me prête une salle. J’envisage de me mettre à l’écriture. À la retraite, oui à la retraite, je demande si la ville ne va pas me manquer. Si toutes ces préoccupations campagnardes ne vont pas me sembler dérisoires.
Et puis non, je sais ce qu’il faut entretenir c’est l’envie de nouvelles choses, c’est apprendre, découvrir, toujours. Et ça, crois-moi, je l’ai.