Auto éditée sur la plate-forme de LIBRINOVA, Marie Josée Aubry Coin, livre un roman épistolaire, façon dix-huitième siècle, des plus savoureux.
Les codes du siècle, entre gens bien nés, sont respectés. A la ville on s'affronte en duel et médit dans les salons. C'est un environnement de débauche que l’on fuit afin de jouir du repos, de la nature et du voisinage de propriétaires terriens. On s’invite, se promène, se divertit au moyen de jeux sains, courses et ballons, de représentations théâtrales. On prend les eaux à L. comme à Bath dans les romans de Jane Austen. N'empêche, comme à la ville, chez ces gens-là, on porte de riches atours, on n’a de cesse de s’élever par mariage ou succession.
Les codes du libertinage léger et inconséquent sont appliqués. Clarisse de Marsac est trompée par un époux volage, se fourvoie dans les bras d’un abbé, et goûte au bonheur sous les caresses de son amie, Hélène de Toucy. Une vieille tante crédule se meurt d’amour imprudemment, un Vicomte ruiné se ridiculise en tentant de séduire la jeune Clarisse. On se joue de la morale, on déguise les sentiments et pourtant aux yeux du monde, les réputations ne souffrent pas.
Les tournures, le phrasé, les remarques délicieusement troussées truffent le récit. Les joutes épistolaires, les réflexions que l’on partage entre mères, filles, pères, enfants, tantes et amis s’entrecroisent avec brio. L'humour est toujours présent, les piques acérées et l'observation d'une société et de ses mœurs dignes de Madame de Sévigné.
C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai accompagné Clarisse, assisté à ses manigances et aux caprices d’un destin qui sait bien s’accommoder de l’orgueil et des préjugés.
Extraits :
« Si j’avais eu la sagesse de t’être fidèle et de me satisfaire de nos délicieux embrasements, je ne me serais pas trouvée dans cette fâcheuse posture tant il y a d’avantages à aimer l’une de ses semblables »
« Le château de Marsac constitue une villégiature estivale parfaite pour les esprits amoureux de la nature et épris de la douceur de la vie à la campagne »
« C’est un honnête homme d’une infinie délicatesse de sentiments qui respecte un deuil qu’il ne se propose pas de consoler, ce qui fait que je me suis sentie pleinement autorisée à lui accorder ma confiance et mon amitié »