Nous sommes à moins d’une semaine de Noël et j’ai envie de penser à tous ceux qui le vivent autrement qu’ici, au coin du feu, qui ne rêvent pas de foie gras, champagne et autres plateaux de fruits de mer. Qui ne salivent pas devant les treize desserts ou la bûche Noël.
Au Vénézuela, on raffole de galettes cuites au four dans des feuilles de bananier, aux Antilles on tue le cochon ou on va déguster le crabe sur la plage. On décore les manguiers sous un soleil de plomb car c’est la saison sèche. A la Marina de Pointe à Pitre, on sirote un tit punch en bras de chemise avec des accras, avant d’aller à la messe. Je parle ici du climat, de l’ambiance. Tous ceux qui ont vécu Noël au chaud ne comprennent pas qu’on le fête sous la neige. Ceux qui ne connaissent que la morsure des jours d’hiver, trouvent impensable de le vivre par 30° à l’ombre.
A l’hôpital, on a dressé un sapin dans le hall, des Père Noël appelés à la rescousse font rêver des petits malades avides de cadeaux et de férie. Dans les services on offre des chocolats aux infirmières, aux malades quand c’est possible, on améliore l’ordinaire, il y a un repas de fête le 25 décembre. On cajole les petites grand-mères, on rassure les futures mamans, on écoute les souffrances attentivement. Dans les services de soins palliatifs, on allège les jours qui restent, on les épure autant que faire se peut. Je parle ici de souffrance, de partage, de compassion.
A l’armée du Salut, dans les centres de désintoxication, dans les foyers pour femmes esseulées, au bas de chez nous, la détresse est à notre portée. On ne peut pas fermer les yeux quand tous les supers marchés sollicitent notre porte monnaie, non, définitivement, notre générosité. Quand les journaux publient des photos agressives, évoquant la famine et la sécheresse. Je parle ici de combattre l’indifférence, de faire preuve de solidarité.
Et je pense à Mohammed, David ou Li pour lesquels Noël ne représente rien. Le 25 décembre est un jour comme un autre, certains jouent le jeu et font la fête pour la famille, offrent des cadeaux aux enfants. D’autres affichent un réel désintérêt et ont raison pourquoi pas. Des fêtes, des occasions de se réunir en famille ou avec des amis, il y en a d’autres dans leurs religions respectives.
Si j’insiste finalement c’est pour dire qu’une fête est toujours un moment d’échange et d’oubli de soi pour aller vers l’autre ou l’imaginer tout simplement dans son cadre de vie. Lutter contre l’égoïsme, contribuer selon ses moyens à conserver au monde son humanité. Alors joyeux Noël à tous !