44 - Mon Pays...
Sur une idée de Chemin de Plume soutenue par Mariev voici le sujet de l'exercice N° 44 : |
Mon pays est dans ma tête. Car comment expliquer ce besoin de Paris, de sa foule bigarrée et gouailleuse, de ces petits restaurants de quartiers, bruyants et tapageurs, de ses musées, théâtres et expositions. Et puis ce ras le bol quand les beaux jours reviennent, cet étouffement qui me pousse à repartir vers l’enfance, vers ailleurs.
Casablanca, la ville où j’ai grandi dans les embruns, le ressac et la mer. L’école française et tous ces copains aujourd’hui retrouvés avec émotion grâce à internet. La cour où l’on jouait avec des noyaux d’abricot. Tous les enfants du Maghreb savent de quoi je parle. Le soleil toute l’année, le froid, l’hiver si peu. Les journées pédagogiques à Ifrane, Volubilis ou Immouzer plutôt qu’à Caen ou Strasbourg. Les congés pour L’Aïd ou le Moussem ainsi qu’à Pâques et Noël. Les yeux brillants chaque fois que l’on évoque un jouet, une robe, un bijou, venus de France comme s’il s’agissait d’un miracle. La place Mohammed V que je parcourais enfant, à perdre haleine, le souk de la Place de France aujourd’hui place des Nations unies. Et tous ces ports invitant au voyage, à la fuite, Casa, Rabat, Mohammedia, ces plages, ces rochers couverts de moules et d’algues. Et moi debout, guettant un évènement improbable, les yeux rivés au ciel et aux étoiles. Je n’ai pas d’événement extraordinaire à raconter comme le débarquement des américains dans le port de Casa en 44, ainsi que me l’a rapporté un ami de mon père, avec les yeux remplis d’étoiles, lui aussi. Mais j’ai la ville dans la peau, je le sais depuis l’an dernier, depuis que j'ai foulé le sol de mon enfance à nouveau.
Puis je m’envole vers Blagnac et Toulouse, ville rose de mes vacances, chaleur orageuse des mois d’août, suffocation. Les circonvolutions de la Garonne, la magie de l’aérospatiale, la place du Capitole, l’accent de Nougaro, le fumet du cassoulet et tous ces clichés si vivants, si présents.
Je ne résiste pas, j’évoque aussi Pointe à Pitre et sa Marina, le Gosier, la plage de sable noir de Trois Rivières, si nerveuse, parfois dangereuse, celle de Grande Anse si belle si blanche, le tit punch et le colombo. Je me laisse aller à la paresse, à la douceur de vivre. Allongée sur un transat, au bord de la piscine, un verre de planteur à la main, je me prélasse.
Et je reviens à Paris bien sûr, toujours, encore. D’où que je sois j’y retourne. C’est la capitale, le cœur vivant de Pariscasatoulousepointe-à-pitre, mon pays de cocagne, ma patrie.