Dans mon rêve je dors paisiblement au creux d'un lit en bois noir garni de draps en coton blanc, dans une chambre aux murs bleus auxquels sont suspendues des photos de couchers de soleil. Et puis ça n’est pas un rêve mais le besoin d’un sommeil tranquille et libérateur. Une envie de vacances. Pas de neige, de foule et de froid, de voltige et de griserie sur les pistes. Et le soleil, pas vraiment. Les cocotiers, le vent, la mer, en ce moment c’est pas mon truc, c’est pas ce que je veux. Je vais tout plaquer, le boulot, les amis, le chéri.
Je vais écrire, le temps, les jours fades, mes rides, les enfants, le désamour. Je vais me pâmer, enjoliver, sublimer. Le printemps qui arrive et ses fausses promesses de renouveau, les heures tièdes, la chaleur d’un regard neuf. Les corps dénudés, les terrasses des cafés, les fleurs et les prés. La campagne, les chemins, les sentiers. Alors il faut pour m’évader, un grand lit profond à baldaquin, avec un édredon à l’ancienne, où l’on s’enfonce, comme chez ma grand-mère autrefois. Des draps, blancs frais à l’odeur de lavande. Et une chambre aux murs bleus avec des médaillons dessinés dessus. Très important la couleur. Bleue. Et le soleil couchant d’un le ciel berrichon. Cette bonne blague. Vous imaginiez, Tahiti ou Fort de France. Mais z’avez pas lu plus haut ? Point d’exotisme. Mon luxe, mon ailleurs à moi est dans ma tête. Enfin, j’ai quand même la folie des grandeurs, je suis une dame illustre. Je suis quelqu’un d’exceptionnel.
Parce que vous n’étiez pas au courant, bien sûr. Je fréquente les meilleurs, je convie à ma table à Nohant, sous un lustre en cristal d’Italie, les plus grands de ce monde. Nous parlons de ce qui se passe à Paris, des désordres de la capitale. Nous parlons de peinture et de littérature, de musique aussi. Mon fils Maurice a confectionné un théâtre de marionnettes qui captive tout ce beau monde. Chopin a adoré et Musset en son temps. Delacroix, Gautier, Flaubert, Dumas. Qu’en pensez-vous ? Suis-je assez mégalo ou imbue de ma petite personne ? Je me balade en pantalon, je fume le cigare et je divise ma longue chevelure noire veinée de fils blancs d’une raie au milieu du front. J’aime raconter les fêtes et les amours champêtres, les feux follets et les braves gens. On m’appelle Georges. Georges Sand. Enfin Aurore… Pour les intimes. Je m’appelle, je m’appelle…
J’éternue, une allergie aux plumes de l’édredon, aux pollens à l’extérieur. Je me réveille brusquement.Un frisson me parcourt l'échine quand soudain je prend pleinement conscience d'où je suis, qui je suis, et de ce qu'il me reste à faire : j'ai peur.
Cet exercice répondait à la consigne 16b : phrases imposées (Michel)
3 phrases vous sont ici proposées : une pour le début du texte, une autre pour la fin, et une à placer dans le récit (où vous voulez, mais forcément ni au début, ni à la fin).
Début :
"Dans mon rêve je dors paisiblement au creux d'un lit en bois noir garni de draps en coton blanc, dans une chambre aux murs bleus auquels sont suspendues des photos de couchers de soleil"
A placer dans le récit :
"Voilà donc le sens de cette dernière partie, un spectacle avec une régie de production comme pour une pièce de théatre ou un film."
Fin :
"Un frisson me parcourt l'échine quand soudain je prend pleinement conscience d'où je suis, qui je suis, et de ce qu'il me reste à faire : j'ai peur"
Et il y a deux façons possibles de traiter cet exercice, et vous devrez indiquer clairement laquelle des deux vous avez choisie :
16a - L'exercice tel quel, avec les trois phrases
16b - Un début & fin classique, vous avez alors le choix entre la première et la deuxième phrase pour le début, la phrase de fin restant à sa place.