42 - du 09 au 22/06 - A compléter + mots imposés (Virginie Edensland)
A partir de la courte phrase "IL ETEINT LA LUMIERE (...) ET FERMA LA PORTE LENTEMENT (...)", il s'agit d'écrire un texte qui viendra s'insérer dans les ... (il y a donc deux parties à écrire), en incluant les 7 mots suivants (les verbes peuvent être conjugué, comme toujours) : |
Il éteint la lumière et s’approche de la fenêtre ouverte, regarde le ciel où filent des étoiles chassées par le vent. Il resserre les pans de sa robe de chambre, il tremble un peu. A quatre vingt sept ans, il vient de retrouver l’amour. Bien sûr, il a veillé Eliette jusqu’à son dernier souffle, jusqu’à ce que la maladie de Parkinson ait eu raison de sa raison. Elle est partie l’an dernier, elle demeure le grand amour de sa vie, le plus constant, le plus solide, le plus constructif. Celui qui fait exploser le cœur et battre le sang dans les veines. Aujourd’hui cependant, il a autre chose à vivre et il reste peu de temps. Avant qu’on ne ramasse ses os desséchés d’arrière grand père et qu’on ne les fourre dans une boîte. Alors ce qu’on pense, ce que veulent les autres, il s’en fout. Les comptes il les rendra à Eliette au ciel, à elle seule.
Il doit vendre la maison pour ce qui l’attend ailleurs, avec l’autre, la jeune. Ce sera plus simple, une grande maison avec un jardin et une terrasse. Pour son petit, à elle. Il pense au déménagement, cette corvée. Personne ne viendra l’aider, les enfants sont vieux, soixante ans, ils ne comprennent pas, ils sont outrés. Il repense à cette fois où Jacques le flanqua dehors, ouste papi, vis ton délire, mais nous, on ne veut rien savoir. Et il ferma la porte lentement comme pour contenir sa rage de « jeune » offensé.
Il fera venir le fils des voisins et sa camionnette. Il aidera comme il pourra. Il portera sa ceinture de contention, il faudra soulever le lit et la grosse armoire une fois vidée. Et la bibliothèque, tous ces livres aux pages cornées, que doit-il en faire ?
Une larme glisse le long de ses lunettes, il frotte son crâne chauve, se racle la gorge. Il s’éloigne de la fenêtre, il était temps que quelque chose change. Temps de fuir les commérages, les regards noirs et par-dessous, les moqueries parfois. Parce qu’ils ne se doutent pas qu’il remarque, qu’il observe, qu’il comprend. Qu’il entend malgré ou grâce à son sonotone, ce qu’on chuchote tout bas. Que ça l’atteint un peu, pas trop, pas assez pour renoncer, pour faire plaisir à la société. Il a un ordinateur et il note tout ce qu'il ressent , oui monsieur, pas encore dépassé pépé! Et ça soulage et ça apaise.
Ca choque la différence d’âge, il l’admet. Et les petites culottes que certaines ont cru apercevoir derrière un rideau. Elle, la remplaçante, l'intrigante, a quarante cinq ans, un fils de dix ans. Elle veut profiter de sa pension, le temps que ça durera, il n’est pas dupe. Et après?