Puisque nous parlions des femmes et de leur journée, il n’y a pas si longtemps, j’ai eu envie de vous faire découvrir cet article paru en septembre 1957 dans un journal marocain de langue française. Il s’agissait d’un article destiné à l’époque aux femmes françaises installées dans le pays. Quelles seront vos réactions ? Penserez-vous mesdames que les temps ont changé, et en bien, ou souhaiteriez-vous avec une larme à l’œil que l’on revienne à des principes d’un autre temps, pour certains ?
LES SECRETS DU BONHEUR par Gisèle D’Assailly
COTE HOMME
Sachez avoir de l’autorité sur votre femme sans toutefois la traiter comme une esclave.
Sachez lui faire des compliments et de petites déclarations.
Tachez de « voir » le chapeau ou la robe neuve qu’elle étrenne en votre honneur.
Sachez lui rapporter un bouquet de fleurs à l’occasion, son parfum préféré le jour de sa fête.
Si vous voyez qu’elle a un désir, n’attendez pas trop pour le satisfaire s’il est dans vos moyens. Un objet trop longtemps attendu se fane comme une fleur sans eau.
Renoncez à cette habitude de trouver toujours meilleurs les plats que l’on vous sert hors de chez vous… A moins que vous n’ayez pour femme une déplorable maîtresse de maison, ce qui est assez rare.
Si elle est excellent cordon bleu mais qu’elle garde parfois une odeur de cuisine sur les mains, ne lui dîtes jamais, tu sens le graillon. Conseillez-lui des gants en caoutchouc en lui expliquant que vous aimez ses mains et donnez-lui de l’eau de toilette.
Si vous désirez vous occuper d’une autre femme, ce qui est bien vilain, que ce ne soit jamais devant la vôtre, ni d’une manière ostentatoire qui permettrait à la première venue de plaindre « votre épouse ».
Sachez avoir pour elle toutes les prévenances auxquelles toute femme a droit. Dérangez-vous pour lui avancer un fauteuil, lui ramasser son sac, lui allumer sa cigarette.
Ne lisez pas le journal quand elle est avec vous dans un restaurant, non plus que chez vous pendant le repas.
Si vous aimez la musique et qu’elle ne soit pas mélomane, ne la traînez pas au concert, posez-la dans un cinéma. Vous vous retrouverez avec bien plus de joie par la suite
Si vous n’avez pas les mêmes heures de lecture, ne lui imposez pas la lumière crue dans les yeux jusqu’à un heure avancée de la nuit. Eclairez-vous avec une lanterne sourde, un rai de lumière (style éclairage d’avion) ou ce que vous voudrez, mais ne l’empêchez pas de dormir. Rien ne vous empêche d’ailleurs de lire dans une autre pièce.
Si vous mangez du curé, n’empêchez pas votre femme d’aller à la messe et ne vous moquez pas de ses prières : il est préférable qu’elle ait rendez-vous avec Dieu qu’avec un amant. On ne doit jamais intervenir dans les questions de foi. Elle supporte bien vos élans politiques, elle !
Si vous avez des reproches à faire à votre femme, que ce ne soit jamais en public. Un charmant proverbe vous enseigne qu’il faut laver son linge sale en famille.
Sachez garder votre autorité sur votre femme. Rien n’est gênant comme de rencontrer des maris-toutous. Ce sont d’ailleurs généralement ceux qui portent les plus jolies parures frontales.
COTE DAME
Si vous voulez être heureuse madame, il est un certain nombre de « commandements » auxquels vous devez vous soumettre.
Soyez d’humeur égale.
Evitez les scènes de jalousie… et les autres.
Flattez les manies de votre mari, tout spécialement sa gourmandise.
Soyez toujours en admiration devant lui : vous ne le serez jamais assez.
Evitez de lui faire des reproches en public.
Soyez propre et soignée.
Evitez de vous montrer à lui la figure couverte de crèmes grasses et la tête hérissée de bigoudis.
Ne lisez pas jusque à une heure avancée de la nuit s’il aime s’endormir très tôt.
Ayez une maison accueillante.
Acceptez avec le sourire des invités imprévus.
Soyez toujours à la maison quand votre mari rentre chez lui.
Ne le faites pas attendre s’il est exact.
Ne pleurnichez pas s’il vous fait des reproches.
Ne lui racontez que les mensonges indispensables, sans tricher avec vous-même.
Soyez toujours prête à sortir s’il le désire.
Accompagnez-le aussi souvent que possible dans ses déplacements.
Si vos idées religieuses ne correspondent pas avec les siennes, ne l’empoisonnez pas avec vos pratiques et ne mettez aucune ostentation dans vos dévotions. Rien n’est odieux comme une femme qui se précipite à la messe dès l’aube, rentre fatiguée chez elle et se montre d’une humeur exécrable toute la matinée. Tous les directeurs de conscience vous diront qu’il vaut mieux avoir un bon ménage que d’exaspérer son mari en allant à la messe.
Edifiant, non ? Je dirais plutôt qu’on a du mal à discerner si la chroniqueuse parle sérieusement ou avec une pointe d’ironie. A chacune de voir.