On se demande ce qu’ils cherchent et pourquoi ils ne trouvent pas. Evidemment quand on ne sait pas ce qu’on cherche… Bien sûr, il y a la crise sociale, l’immobilier, l’emploi. C’est un faux problème, ça fait un bout de temps qu’ils hésitent, qu’ils attendent, qu’ils se tâtent. Ils veulent vivre, butiner, s’amuser. Découvrir, explorer, se tromper, recommencer, aimer, détester, haïr. Ils souhaitent s’épanouir, s’exprimer, exister. L’amour, le vrai, ils y croient comme à un concept. Ils ne veulent pas faire d’erreur, se marier c’est pour la vie. Avec tout le tralala, les fiançailles, l’église, la robe, la noce et le bal. Mais ça n’est pas garanti. Tout le monde divorce aujourd’hui, on a plusieurs vies. On préfère le PACS et le concubinage, ça fait moins peur, ça fait moins mal. Et ça autorise la teuf à moindre frais. Et puis on a le temps, être parents à vingt ans de nos jours c’est ringard. Ca veut dire que t’as rien vu, rien vécu, rien connu. Et puis t’es bloqué avec des mômes qui braillent, parfois t’en as tellement marre que tu les colles à tes parents parce que tu fais pas tes nuits.
Ca y est je vois où le bâts blesse. That’s where the rub is, disent les anglais. Le problème c’est les parents, trop gentils, trop généreux, trop présents. Les jeunes aujourd’hui, ils ont trop tout. Pas de contrainte, pas de soucis. Enfin pour certains. Alors pourquoi se casser la tête à fonder une famille, à en prendre pour vingt ans minimum, à se restreindre. Une règle d’or : PROFITER !
Sauf que, les jeunes, ils deviennent moins jeunes, moins fêtards, moins convaincus d’avoir tout bon. Ils attrapent trente cinq balais comme une angine, ça coince dans la gorge. Et ils paniquent, ils veulent ce qu’ils rejetaient jusqu’alors. Le conjoint, la famille et la maison. Le plus souvent ça se passe bien, ils prennent le coche en route et avant quarante ans tout est bouclé. Sauf qu’ils sont cloués jusqu’à soixante. Quand d’autres abordent la cinquantaine, tout frais et libres comme des ados dès que les enfants sont partis vivre leur vie de conquistadors.
Quelquefois le jeu est truqué, le train déraille. C’est pas facile de trouver un copain, une copine, passé trente ans. Ya moins de choix, ils sont casés ou cassés, les potentiels. Le conjoint, la compagne pour la vie, ça prend du temps. Et question fertilité, à trente huit ans pour un premier bébé, ça craint. C’est le parcours du combattant, le stress, la déprime. On a besoin de soutien, les parents encore, les amis. Et ce sentiment encore diffus qu’on n’a plus toute la vie devant soi.
Je ne sais pas, moi, ce qu’il faudrait pour les réveiller tous ces jeunes. Je sais trop bien en réalité, il faut de la confiance, des valeurs, le goût de l’effort. Et nous les anciens (à cinquante ans je crois faire partie du club), sommes responsables de la banqueroute. Nous avons placé sous leurs pieds un tapis rouge, et ils se sont pris dedans.