Un ciel de Bordeaux
Ah ces merveilleux nuages, disait Sagan. Elle avait raison. Il y a du merveilleux dans les nuages. En les regardant flotter comme du coton et filer dans le ciel, on aimerait les attraper et enfouir le visage dedans. C’est du marsch mallow, du bubble gum, de la barbe à papa. Et la couleur ne change rien, qu’ils soient blancs ou gris, on sait qu’un rayon de soleil les fera rosir.
Il y a de la tendresse dans les nuages comme sur les joues des enfants, et sur la truffe de mon chat. Parce qu’on a l’impression de les toucher et qu’ils respirent, qu’ils sont chauds et vivants.
Il y a de la majesté, le déplacement est lent, gracieux, leurs formes varient joyeusement et on les suit, scotchés, hypnotisés, en spectateur conquis.
Il y a de la bonhomie, ils sont gonflés, on dirait des brioches, des meringues, de gros pains blancs. Ils nous rassurent et on sourit.
Il y a de la rêverie, car ils détournent et monopolisent l’attention vers leurs filaments étirés, et leurs bouloches disséminées.
J’y vois des flocons, des boutons, des bourgeons. Des melons, des dragons, des tranches de saucisson. Et le chien de ma grand-mère, le sourire de mon frère, une petite cuillère…..
J’inventerais bien tout plein de choses mais j’ai peur de partir en live, comme Fabrice Luchini, de dire n’importe quoi, de m’écouter parler, et que ça vous amuse.
Que dire d’un ciel sans nuage. Un ciel tout bleu, uniforme, juste rayé du passage d’un avion ou animé par le vol d’un oiseau. C’est tout aussi captivant, enivrant. Il nous rend conscient de l’immensité de l’univers, de l’infini, et de notre petitesse. De la fragilité qui nous caractérise. Et nous fait rechercher la trace, le signe, le passage, d’un messager annonciateur de la pluie.
Le ciel à Auch un jour du mois d'août