Il est parti comme un voleur, comme ça dans son coin, tout seul et sans rien dire. Après avoir bouffé du médicament, s’être goinfré comme un gourmand. Et des dégâts, yen a. Sur lui, c’est fini, c’est passé, il s’en sort au final, grandi, auréolé. Il appartient au mythe, à la légende. Il a rejoint Steve McQueen, qui s’est évadé au même âge, sans grande illusion.
Sur moi, qui suis de sa génération, sur d’autres plus âgés, et sur les jeunes, les trentenaires, les ados, les enfants, les séquelles sont graves. Il avait une emprise dans nos vies, ses chansons ont bercé nos soirées, nos plans drague, et moins romantique, nos courses au supermarché. Ses clips étaient envoûtants, ses danses subjuguaient, sa voix ensorcelait. Il jouait un rôle, se déguisait, dans sa chair, par ses costumes. Ce n’était jamais lui, mais un enfant. Il avait une part d’innocence qui lui faisait côtoyer les êtres les plus purs, les plus fragiles. Il était un peu perdu, je pense, et vulnérable. Malgré le succès et la reconnaissance. Comme s’il n’avait jamais existé aux yeux de ceux qui comptaient le plus, ses parents. Je m’aperçois que je fais le portrait d’un manipulateur. A la différence d’un vrai manipulateur, il ne nous enlevait rien, ne nous dépossédait pas. Au contraire, il insufflait le supplément d’âme, le peps, la pêche. Il nous accompagnait, il nous guidait.
La tristesse aujourd’hui, est bien légitime. Elle vient du manque, du sevrage. Elle vient de l’emprise. Mais nous avons la chance de nous y soumettre, il suffit d’un clip, d’un DVD et ça repart. Nous avons le choix d’y renoncer, et la musique nous surprend, au détour d’une allée. Mais jamais pour nous abattre, c’est pour nous stimuler. « Let us move and shake our bottom ! »
Alors merci à toi Peter Pan, pour tous ces titres que je n’ai pas besoin de citer, ces airs que je n’ai pas à fredonner car ils bourdonnent dans nos têtes. Merci à toi, qui permet aux fans de se rencontrer, de se consoler, de se raconter, en hommage, pour saluer ta mémoire. Merci gentil manipulateur, j’use sciemment du paradoxe, toi qui rit avec nous là haut.