Les soirs d’été à Paris au quartier Latin sont magiques. Il y a la douceur de l’air et les odeurs de grillades des petits restaurants. Une foule jeune et bigarrée circule, des camelots ventent leurs marchandises, la musique envahit les rues et les touristes massacrent nos oreilles. Des éclats de rire, des voix haut perchées, ça c’est l’effet rosé frais dans les verres.
Mais moi qui suis une fille, plus très jeune, plus très fraîche, je regarde les filles. Je les regarde et je les admire. Je ne les envie pas car j’ai des bonheurs et des joies qui me conviennent et que je n’étalerai pas. Je veux simplement parler de ces magnifiques jeunes femmes qui montrent leurs jambes, leurs seins, leurs fesses, sans honte, sans gêne et parfois sans pudeur. Certaines sont merveilleuses, on dirait des mannequins, les robes glissent sur elles. De hauts talons dévoilent des jambes galbées, bronzées, des chevilles des mollets fins. Leurs cheveux ondulent au vent, leurs yeux lancent des étoiles, on les sent aériennes, orgueilleuses, filantes, détachées. Je ne vois pas leurs hommes, ils paraissent presque inexistants à leurs côtés mais ils ont un sourire fier et possessif. Normal ! Normal.
D’autres ont un ventre rond, des chevilles fortes, le cheveu gras. Elles s’en foutent, elles osent le short, la ceinture ajustée, le décolleté tombant, la cellulite triomphante. Elles ont raison, elles sont jeunes, n’ont qu’une vie et le droit de vivre comme les filles de leur âge. Si je me souviens, lorsque j’avais vingt ans, dans les années 80, on osait moins, on était plus complexé, compliqué ? Je crois qu’il faut avant tout faire ce dont on a envie et quand on le souhaite, même si ça déplaît, même si ça dérange. Les hommes qui les accompagnent sont tout aussi fiers, tout aussi heureux. Entre 16 et 25 ans, on n’a pas encore de rôle social important à jouer, de code professionnel, de challenge. Ce qui compte c’est de s’éclater, alors LES FILLES NE VOUS EN PRIVEZ PAS.