Photo prise depuis le Square de la Butte Rouge et donnant sur la porte de Pantin
Avec le beau temps qui s’installe et malgré la pollution à Paris, ou peut-être à cause d’elle, je me rends au travail à pied au moins un jour ou deux par semaine. Le trajet dure environ une demi-heure et longe le tram et l’hôpital Robert Debré. Paris à sa lisière a un air de campagne, les branchages sont hérissés de bourgeons, les maisons dévoilent leurs fenêtres comme des filles offrant leurs appâts. Au-dessus de moi le ciel est poudré, se couvre de terre de sienne rasant les immeubles. Il semble fondu dans une masse brillante et aveuglante comme si le matin était ce « fog » enveloppant les êtres et les lieux. Pourtant je ne traverse pas l’univers opaque et angoissant de Stephen King, j'avance au milieu les arbres boutonneux du parc de la Butte Rouge. Dans les hauteurs c'est un bleu pur, immaculé qui auréole les nuages. La ville au loin paraît fantomatique. Malgré la menace sur nos poumons le soleil dore les nuages et défait leurs amas cotonneux. Il nous enveloppe, sa chaleur printanière et bienfaisante agit comme une drogue. J’ai le sentiment d’être au théâtre au moment des rappels quand on ferme les rideaux pour les rouvrir aussitôt sous une salve d’applaudissements. Nos paysages sont des décors que la nature arrange afin d’agrémenter nos vies, elle nous envoûte sournoisement si nous la laissons faire. Alors faisons abstraction de cette vague polluante...