Cette semaine le casse-tête chez Sherry est : Aïe, ça pique !
Je l’ai bien remarqué, depuis le premier étage, il n’est pas compliqué de l’apercevoir sautillant sur ses pattes et dans les gouttes de soleil résiduelles d’une journée morose. Il est là qui piaille et me nargue juste dessous mon balcon. Il aime que je me torde le cou à l’observer, et passe la tête au travers du grillage, je ressemble à un guillotiné en attente du sacrifice. J’ai surtout l’air d’un idiot, salivant devant la vitrine du pâtissier. Ca lui plaît cet air béat que je prends, cette attitude de vaincu, aveu d’impuissance. Un beau chat angora comme moi, ça se bichonne, ça se caresse, ça s’embrasse. On fourre son nez dans ma fourrure, on se paie un stage de ronronthérapie d’ordinaire. Je suis le roi du canapé, l’oreiller de madame, le doudou du gamin. Je suis un bijou, un trésor, que dis-je, une divinité !
Et voilà que cet idiot me ravale au rang de voyeur, de pervers, de pauvre type. Il se fiche de moi car je ne me risquerais pas à bondir, il n’y a qu’un étage mais tout de même ! Il m’a démasqué et ça m’agace au plus haut point. Il sait qu’au fond je suis fainéant et pas très courageux. Les bagarres : trop peu pour moi et les coups de bec, aïe, ça pique !