La mairie du XIXème à Paris est le principal attrait de la place Armand Carrel, avec le Parc des Buttes Chaumont juste en face. Très pratique pour les photos, lors les mariages. C’est la frontière entre le côté bobo des Buttes et le look populaire de la Villette. Ce fut mon quartier pendant plus de vingt ans avant que je ne m’interroge sur Armand Carrel. Qui était-il ?
Armand Carrel naît en 1800 à Rouen. Sorti de Saint Cyr, il intègre l’armée et veut renverser les bourbons en 1822, souhaite rétablir une République. Il combat même aux côtés des espagnols en 1823 dans la guerre avec l’Espagne. Il apparaît comme le défenseur d’idées nouvelles. Les Etats Unis l’inspireront beaucoup, Washington notamment.
L’historien Augustin Thierry lui apprend le style. Et tout naturellement il s’oriente vers le journalisme. Publie des articles dans le Globe, La Revue Française, le constitutionnel.
En 1830, il fonde avec Thiers et Mignet « le National », journal républicain. Il combat le régime de Charles X, revendique la liberté de la presse. Il soutient la Révolution de 1830 mais la monarchie de Juillet qui s’installe ne lui accorde aucun rôle politique. De même, Louis Philippe s’oppose au divorce et Carrel ne peut épouser la femme mariée avec laquelle il vit. Alors il poursuit son combat.
Chacun lui reconnaît une figure de républicain convenable, présentable, faisant sortir son parti de l’ornière anti propriétaires, nobles ou prêtres. C’est un orateur ayant de la prestance, une sorte de Mélanchon des temps anciens. Je m’égare… Il s’attire de nombreux procès et séjourne même en prison (1834-1835).
Le 1 janvier 1836, Emile de Girardin fonde «La Presse », journal dont le prix devient imbattable grâce à l’insertion d’encarts publicitaires. De Girardin menace de dévoiler sa vie dissolue lorsque Carrel crie à la concurrence déloyale. Ce dernier perd la vie le 24 juillet 1836, à trente-six ans au cours du duel qui en découle, entre les deux hommes. A ses obsèques se côtoient des royalistes comme Chateaubriand et des figures de l’opposition comme Arago et Dumas.
Il illustre parfaitement la notion du Dandy sous sa facette intellectuelle, telle que l’évoque Alfred Nettement en 1844. Celui-ci parlant alors d’Eugène Sue, écrit :
« Il remplace Benjamin Constant, ….. Mr Thiers, Mr Mignet, CARREL. Il aborde tous les sujets, la question d’Orient, la question d’Espagne, les frontières du Rhin. Il se développe dans sa gloire et dans sa majesté, il dit tout ce qu’il veut, fait tout ce qui lui plaît, ne reconnaît ni barrière ni obstacle. Il arrange comme il entend la morale, l’histoire, la société, l’administration, la politique. Il est roi, il est prêtre, il est Dieu ».
Sources : Wikipédia ; La vie élégante d’Anne Martin- Fugier, Ed Fayard.