Le casse- tête cette semaine chez Sherry est : bouton.
Sur un téléphone portable on le nomme touche. Il dépasse à peine, on l’effleure, on le caresse. Il peut être virtuel, on le balaye d’un doigt rapide. On parle de portable tactile. Il n’y a pas ce geste appuyé quand l’outil résiste et se dérobe. Un téléphone portable grâce à ses touches, vous donne de l’allure, un maintien. C’est comme une cigarette en moins nocif, quoique…Ca vous pose et vous impose une légèreté avec quelque chose de vaguement érotique. Ce bouton-là vous définit. A la manière dont vous le tripotez, frénétique, agacée, étonnée, on vous juge, on vous déshabille.
Moi je suis une étonnée. Toujours surprise quand mon portable vibre ou sonne. Je le déteste et on le sait. On m’appelle rarement. Alors au cinéma, je le laisse allumé, comme un défi. Et au moment le plus palpitant, quand le héros déclare son amour, que les visages se confondent, les peaux, les salives, les larmes, les cheveux s’amalgament, se collent, s’emmêlent, que c’est beau, que ça remue les tripes et le cœur, voilà que cet idiot se met à sonner. Comme s’il n’y avait que dans ces moments-là, quand je suis indisponible, que l’on daigne m’appeler. Comme si je faisais exprès de me rendre injoignable. Je ne fais pas exprès, je n’aime pas ça ! Alors je deviens frénétique et agacée et j’appuie sur la touche comme une forcenée, pour faire taire l’engin… Et encore, dans ce cas, ce n’est qu’un vulgaire bouton !