Dernier thème de la semaine pour Dana: divagation personnelle.
C’est le dernier texte pour Dana. Et curieusement j’ai envie de parler de la tombe des petites filles modèles. C’est l’époque, novembre, la Toussaint, et une communauté qui s’arrête c’est un peu une petite mort. Or, pour moi les cimetières sont très gais, très doux. On y côtoie des âmes qui se promènent et ont tout plein de choses à raconter. Et comme Dana passe le relais à Lajemy, il n’y a pas vraiment de fin.
Camille et Madeleine sont enterrées à Verfeil, dans le sud ouest, au nord de Toulouse. Un petit musée leur est consacré dans une salle de la mairie. Pour le visiter, il faut téléphoner, prendre rendez-vous. Et j’aime l’idée qu’on ouvre la porte rien que pour moi. C’est tout petit, un peu vieillot, dans les vitrines on aperçoit des trucs de mémé, dirait ma fille. Des bijoux de baptême, des gants de communion, des coquetiers, quelques robes et jouets, tout jaunis, couverts de rouille. Quelques lettres, quelques photos couleur sépia. Et l’esprit de la comtesse flotte au dessus, on pense à Sophie, à ses malheurs, à ses bêtises. On contemple les exemplaires des célèbres romans : Les petites filles modèles, Les vacances, Les malheurs de Sophie. Des éditions de l’époque à celles de la bibliothèque rose. Et quand on est une grande bécasse comme moi, on redevient petite fille.
Camille est morte jeune, phtisique, à trente quatre ans. Son fils disparaît à dix huit ans. Madeleine a vécu jusqu’en 1930. Restée célibataire, elle s’est occupée de sa célèbre grand-mère dans ses dernières années. Camille et Madeleine ont réellement existé disait la Comtesse : « ce sont des portraits, la preuve en est dans leur imperfection même ». Leur tombe, à l’entrée de la ville, isolée du reste du cimetière de Saint Sernin par un enclos, est peu visitée mais fleurie. Les inscriptions sur les dalles de marbre sont presque effacées. Aller à Verfeil, c’est faire un curieux détour dans l’enfance. La nôtre.
J’aimerais ajouter, que « Le thème de la semaine », a réellement existé, la preuve en est dans son imperfection même. Imperfection ? Je ne vois vraiment pas où.