Mireille m’a envoyé l’automne québécois par courrier. Je ne sais pas comment elle a pu l’enfermer tout entier et l’aplatir dans une enveloppe. Mais voilà qu’il triomphe sur l’écran tel un général d’armée. Il brandit ses couleurs comme des épaulettes. On reconnaît son grade aux larges barrettes rouge orangée dont il couvre les monuments. Il possède l’allure et la prestance des grands chefs, on le voit gravir les escaliers lentement, il prend son temps. Il ménage ses effets, le vent lui jette des confettis qui jonchent le sol et craquent sous les pas. Le ciel s’adapte, ce n’est pas lui qu’on observe aujourd’hui, sa couleur, ses nuances forment les bataillons qui portent le héros. Le Château Frontenac, l’Oratoire Saint Joseph célèbrent un grand stratège tout comme Notre Dame sacra Napoléon. L’automne est un guerrier rusé, qui cède le pas chaque année et resurgit flamboyant l’année d’après, enveloppant parcs et collines de son manteau de feu.