Il y a deux ans, j’avais déclaré que je passerais à Charleville- Mézières durant mes vacances. On m’avait demandé ce que j’allais y faire. Mes grands-parents s’y étaient mariés, ce qui était une raison sentimentale, et j’avais envie de rencontrer Arthur Rimbaud. Boutade, tout le monde m’avait rétorqué qu’il était mort. Mais tout le monde sait aussi qu’à Charleville, le poète se balade dans toutes les rues. Alors je l’avais suivi comme j’avais suivi ma grand-mère, et je m’étais arrêtée quai Rimbaud devant sa maison. J’avais grimpé des escaliers vers ailleurs et m’étais envolée dans des contrées lointaines, à la recherche d’un univers poétique. J’avais eu des mots et des rimes plein la tête. Un nuage dansait autour de moi. Aussi quand j’avais aperçu le musée de l’autre côté de la rue, en équilibre sur la Meuse endormeuse, j’avais su qu’Arthur rôdait tout près. C’était un matin triste de septembre. Le fond de l’air était doux, et le ciel gris. Les toits se détachaient, métalliques, les murs flambaient comme des épées issues de la forge et trempées dans un baquet d’huile immense et sinueux, au-dessus duquel nageaient des canards insouciants.
Illumination suprême, ces murs semblaient lancer leurs jambes arquées à la conquête du monde et les saules agitaient leurs tignasses de gamins mal peignés, sur les berges. Arthur, tu te tenais là, je n’avais qu’à tendre les bras pour te toucher….
De Charleville à Bouillon, il n’y avait qu’une frontière. Et la curiosité me la fit franchir. Le ciel belge était bas, moutonneux, pesant, là aussi. Et pluvieux. Ce qui me convenait. Comment imaginer un croisé à la tête d’une armée partant pour Jérusalem, par une journée radieuse et ensoleillée. Même si Godefroy de Bouillon avait vendu son château pour financer sa première croisade, j’avais entendu les chevaux franchir le pont-levis, et le cliquetis des armures. J’avais vu ces murs épais dégorger leur cargaison humaine au service du Christ.
Et en s’éloignant, les chevaliers se retournaient pour un dernier regard sur leur construction imprenable, comme des enfants quémandant un encouragement de leur mère.
De là-haut, j’avais contemplé la Semois qui faufilait son ruban argenté à travers la ville comme le glaive pourfendait l’hérétique au travers de sa cotte de mailles.
Catheau 30/07/2012 07:17
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sherry 26/07/2012 16:21
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