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29 avril 2013 1 29 /04 /avril /2013 08:00

Remonter le temps, tel est le défi 101 chez Hauteclaire.

 

café

 Edgar Degas: Femmes à la terrasse d'un café le soir

 

J’ai toujours su que j’en venais, qu’un jour j’y retournerais. Alors quand on m’a offert d’aller faire un tour chez Tortoni, j’ai cru à un canular. D’abord cela m’a vexée car   les demi-mondaines y élisent domicile, mais  j’avais envie de rencontrer le tout Paris. Et  la machine m’a invitée. Le 22 boulevard des Italiens est le lieu où il faut être. Pas le matin car on s’y rend pour déjeuner, c’est tout. Mais le soir, il y a foule dans les petits salons, on y sert des rafraichissements dans une odeur de tabac, de gaz et de fumée.  C'est une halte obligée au sortir de 'Opéra. J’adore y rencontrer des étudiants, des dandys, des gens de lettres, des politiques. Quoiqu’en cette année 1843, mon ami Flaubert est bien trop pauvre pour s'y pavaner.  Et de toutes manières il s’en moque, écrire est son seul plaisir. Quant à Balzac, ses goûts de luxe et son attrait pour les grandes dames lui font mener cette vie de boulevard qu’on attribue aux dandys, il me plait observer sa bedaine rebondie que son génie fait oublier. Eugène Sue passe aussi chez Tortoni, il discute cheval avec Orsay et je les écoute en dégustant des glaces. Surtout qu’en ce moment se prépare le derby de Chantilly où l’on peut admirer ces dames et leurs belles toilettes. La mode anglaise influence tant nos grands hommes ! Et j'en vois tellement défiler que j'en ai le tournis, Dumas, Barbey d'Aurevilly, Hugo, George Sand. J’ai aussi entendu parler des bains chinois au 27, c’est un hammam de luxe, non mais je rêve. On parle déjà de bains de vapeur, aromatisés, de massages, et toute la déco est de style chinois ! Comme tout cela est délicieusement tendance !

 Evidemment,  les dandys refusent de fréquenter les boursiers et les hommes d’affaire qui sont d'un autre monde selon eux. S’ils savaient que dans le prochain siècle ceux-ci les détrôneront.

Moi j’adore me trouver là en famille avec mon époux et mes enfants, j’arbore des robes de taffetas, un magnifique chapeau, des gants.  Et je pense au choc qu’ont dû éprouver les Rémusat ce 28 juillet 1835, quand un attentat fut perpétré non loin de là sur le passage du  cortège du roi Louis Philippe qui se rendait à la Bastille.

Et la machine me ramène aujourd’hui chez moi. Loin des luxes d’autrefois et de la vie trépidante du  boulevard de l'époque. Pourtant dans les cafés de Paris, boulevard des Italiens et des Capucines, flotte encore un air du dix-neuvième. La touche française, la distinction, une certaine forme de légèreté qui donne envie d’écrire n’importe quoi.

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

V
Ah, ce Paris bruyant, courant vers la modernité avec ses génies nostalgiques attachés au Paris d'avant Haussmann, Ah, Paris ... toute une histoire à travers les beaux yeux des Parisiennes ;-)<br /> PS : 19 ème ou 20 ème, les mêmes acharnées aux mêmes magasins "Le bonheur des Dames" ou les Galeries Farfouillettes ;-)
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M
<br /> <br /> Tout à fait, un Paris bouillonnant et un peu fou, que j'aime retrouver dans les livres!<br /> <br /> <br /> <br />
C
Mansfield, la Parisienne dans toute sa grâce retrouvée. Une petite erreur de frappe (1943 au lieu de 1843 ?)
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M
<br /> <br /> Corrigé Catheau! Je suis étonnée que personne ne me l'ait signalé!<br /> <br /> <br /> <br />
W
J'aime beaucoup l'ambiance créée, entre les époques.
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M
<br /> <br /> Merci à toi, il faut dire que j'adore les cafés des grands boulevards parisiens et changer d'époque en fermant les yeux me plait beaucoup aussi, alors... Bonne soirée!<br /> <br /> <br /> <br />
A
Je suis éblouie par ta reconstitution d'époque, toute l'ambiance est crée, à partir du tableau de Degas qui s'intéressait de près au monde qu'il côtoyait.<br /> On y est !<br /> amicalement
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M
<br /> <br /> Merci à toi, il faut dire que cette époque me passionne! <br /> <br /> <br /> <br />
J
tu sais que les gens se battraient pour essayer la machine à remonter le temps et nous finirions par la casser ! bise
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M
<br /> <br /> Tu as raison, ce serait un tel progrès que de revenir dans le temps que chacun voudrait y parvenir!<br /> <br /> <br /> <br />
J
On dirait presque que tu nous parles d'une de tes vies antérieures ! Un beau mélange de savoir et d'imagination. Bonne soirée. Bises. Joëlle
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M
<br /> <br /> Merci Joëlle, il faut dire que cette  époque me passionne!<br /> <br /> <br /> <br />
C
Un voyage plein de charme... j'embarquerais bien dans la "machine" ! Merci pour l'escapade.
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M
<br /> <br /> Merci Carole, à bientôt pour un prochain voyage!<br /> <br /> <br /> <br />
L
Ah ! d'accord .... Comme quoi les grands écrivains sont immortels !
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M
<br /> <br /> !<br /> <br /> <br /> <br />
L
Un coucou pour te présenter mon nouveau blog à l'essai gros bisous
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M
<br /> <br /> Merci je cours le consulter!<br /> <br /> <br /> <br />
M
Ce n'est pas n'importe quoi car je pense que ce quartier était assez sympathique à fréquenter et encore habiter par là relève de l'exploit je crois, si tant est que tu y vives, alors si oui c'est<br /> une chance je suppose malgré les encombrements comme on disait déjà à l'époque... J'aime comme tu nous raconte cette période élégante !<br /> Bises Mansfield
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M
<br /> <br /> Merci Marine, bises à toi aussi à bientôt<br /> <br /> <br /> <br />
L
Flaubert en 1943 ??? tu es sûre ...<br /> Je suis certaine que c'est une erreur de saisie ...
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M
<br /> <br /> cf " La vie élégante" de Anne Martin Fugier ed Fayard p 385. En 1943 Flaubert  raconte la jeunesse étudiante du boulevard, lui dont la jeunesse n'a pu connaitre cette insouciance...<br /> <br /> <br /> <br />
F
il y a comme cela des endroits qui nous font rêver et où on aime aller
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M
<br /> <br /> Et qui aujourd'hui n'existent plus, alors l'imagination fonctionne....<br /> <br /> <br /> <br />
A
Un véritable tableau écrit à la plume.... Je m'y suis cru à la table voisine, admirant ta robe de taffetas et de mon mieux cachant mon bas filé de la cuisse au pied...
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M
<br /> <br /> hyperréaliste ton commentaire, j'adore, merci à toi!<br /> <br /> <br /> <br />
J
Voilà une époque bien arrêtée Mansfield et je t'imagine en robe de taffetas, mais reviens vite, les clients attendent dans ta boutique... sourire !! Merci toa !
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M
<br /> <br /> Merci Jill, remarque avec ma robe de taffetas à l'officine, je vis tout faire tomber!<br /> <br /> <br /> <br />

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