Défi 104 proposé par Eglantine : La basse-cour est en colère, tous les matins le coq la réveille aux aurores. Imaginez la révolte des animaux de la ferme, en vers ou en prose, de la façon qu’il vous sied le mieux, poème, historiette, dialogue …vous pouvez même convier le voisin qui aimerait lui aussi faire parfois la grasse matinée !
Pendant quelques jours, nous a-t-on assuré, vous devrez parader devant des citadins, à la grande ville, dans le petit parc. Il y aura des enclos, un pour le coq ses poules et quelques canards, l’autre pour les cochons, un autre encore pour les chèvres et les moutons. On placera deux ânes dans le dernier. Alors faites comme si. Ebrouez-vous, caquetez, tâchez de braire avec modestie, remuez votre petit derrière au goût de jambon, et vous les vaches que j’ai oublié, vous devrez meugler gentiment, avec un accent qui sent bon l’herbe des prés.
Ce seront des vacances pour vous, un peu comme si vous alliez au musée. Derrière les barrières, il y aura de drôles d’animaux turbulents. Des mains se tendront, des mômes piailleront, d’autres pleureront, d’autres encore se sauveront effrayés. Des parents voudront à toutes forces vous photographier. On tentera de vous nourrir avec de la barbe à papa, car évidemment il y aura des stands tenus par les humains pour les humains. Désolé Naf Naf si ça sent la saucisse, mais les humains ne sont pas toujours délicats. Vous aurez de la chance, le temps sera plutôt frais, ça découragera certains. Sachez les caqueteuses qu’on vous demandera des œufs. Alors je t’en supplie Gallo motive tes demoiselles, pas comme d’habitude en réveillant la maisonnée dès cinq heures du matin. A la ville on se lève plus tard et les œufs doivent être pondus pour le petit déjeuner. Tu dois montrer que tu es le mâle, hocher la crête et affûter tes ergots mais tu peux quand même diminuer tes trémolos et en ralentir le rythme. A la ville on se retient, on mesure ses actes. Je sais que tu es le chef, le ténor, le Caruso de la basse-cour, pourtant tu ne vas pas là-bas uniquement pour te faire entendre mais surtout pour te faire connaître.
En fin de compte que qu’on attend de nous, est qu’on soit beau, qu’on l’ouvre un peu et qu’on se taise beaucoup. On nous demandera de mimer la campagne, et de nous ébrouer dans la paille. Il y aura même un fermier déguisé qui fera semblant de se plaindre du vacarme. Eh bien Gallo, pour une fois en ce qui nous concerne, il y a contre-ordre. Et nous t’accompagneront dignement. A cinq heures d’ordinaire on n’entend que ton chant strident et malvenu de goujat mal remplumé, mais ces jours-là tu ne seras pas seul. Ca va cancaner, braire, grogner, glousser, glouglouter, piailler, bêler, chevroter un maximum et ils sauront à la ville, qu’on n’est pas des animaux, à moitié. Ils sauront que nous nous unissons quand notre honneur est en jeu.