Pour répondre au défi 88 des jeudis en poésie, parti de chez « Un soir bleu » : Vide Grenier
Il était parti seul un matin de septembre
Devant sa porte, le contenu de sa chambre
Documents d’une vie, épluchures des ans
Déposés sans égard à la vue des passants
Balancés les bougeoirs, les lettres, les cahiers
Qui auraient figuré dans un vide grenier
Si des neveux pressés, vifs, et indélicats
N’avaient souhaité que de s’en débarrasser là
Où les mains trop avides de curieux fouineurs
Se tamponnent en quête de l’article du bonheur
Plongent avec délice dans des sacs en plastique
Fouillent avec malice, coupent des élastiques
Et tout ce petit monde harangue le défunt,
Les restes de sa vie que l’on dissèque enfin :
"Tu étais donc à Lyon à la libération,
C’est pourquoi ce journal était dans un caleçon !
Les caches pour tes secrets n’étaient pas des meilleures
Dire que j’ai retrouvé un courrier du facteur
Enfoui dans un tiroir de ta table de chevet
Je me demande à quel prix, je pourrai la brader."
Et moi derrière la vitre de la pharmacie
Qui l’avait su fringant et dynamique aussi
J’observe cet étalage, ces vautours carnassiers
Saluant la mort d’un homme que j’ai vu décliner
Il avait conservé les trésors d’une vie
Des papiers, des objets qui n’attachaient que lui
Des souvenirs fanés, le butin d’un grenier
Qu’on n’a pas pris la peine de décemment vider.