Pour répondre au défi lancé par Jill Bill, cette semaine: Dans ma maison, imaginaire ou non.
Dans ma maison imaginaire, il y aurait une ou plusieurs pièces à vivre où il ferait bon se retrouver en famille ou entre amis. Il y aurait une immense cheminée, de grandes baies vitrées, difficile de chauffer l’hiver, j’en conviens, mais le jour pourrait s’inviter le plus longtemps possible. Il y aurait un parfum d’ambiance, eucalyptus et pin en décembre, cerise et jasmin au printemps. On allumerait des bougies à la nuit tombée, on jouerait du Brahms sur le grand piano. On s’allongerait sur de larges canapés blancs d’où l’on apercevrait la fontaine chantonnant, l’été et le vieux saule majestueux, aux branches déployées et dont les feuilles murmureraient au vent. On préparerait d’énormes festins dans une cuisine ultramoderne, à l’américaine, on s’affèrerait aux fourneaux tout en ayant de captivants discours avec des invités passionnants. Le temps serait figé dans l’instant, le partage, les rires, il s’installerait aux fenêtres sans s’apercevoir qu’on a posé un manteau noir et scintillant sur ses épaules rougeoyant au soleil.
Dans ma maison imaginaire, il y des caves et des souterrains, des tunnels humides et suintants, des bruits de pas résonnant la nuit, des portes qui claquent, des passages secrets derrière les bibliothèques. Il y a des grimoires et des sortilèges, des réunions cabalistiques, des sacrifices d’innocents, des salles de tortures, des cris, des râles. On se faufile, vêtu d’une houppelande et portant bougie en prononçant des formules magiques, vers des lieux occultes. Le temps est coincé dans l’instant, dans la poussière qui imprègne les êtres et se dépose sur les clous rouillés et les chaises à trois pieds.
Dans ma maison imaginaire il fait bon vivre et il vaut mieux fuir. Dans ma maison imaginaire, il y a des histoires d’amour et des scènes d’horreur, des enfants sages et des filles perdues, des héros, des seconds rôles malicieux, des obstacles et d’affreux personnages. Car ma maison imaginaire vous entraîne dans une spirale infernale.