Elle est partie aujourd’hui. Sur le papier, sur l’écran, sur Yahoo, c’est marqué. En réalité il y a un petit moment déjà qu’elle s’est réfugiée ailleurs. Et que le cinéma l’a bercée dans ses rêveries. Lui rendre hommage aujourd’hui, c’est comme si on était en retard, qu’on se réveillait. Un peu comme à la télé quand on passe sous silence le départ d’un grand. Et que des années plus tard, une chaîne décide d’une rétrospective. D’une biographie égrainée de témoignages, d’un hommage.
Pour moi, Annie Girardot est la beauté frontale. Elle rayonne, c’est direct, franc, sincère. Ca ne vient pas seulement de son physique. Grande, brune, élancée, elle est une voix, un sourire. Un visage habité, illuminé de l’intérieur. Et de la gouaille, une liberté de ton, d’opinion. Elle incarne toutes les femmes, jeunes, innocentes, rouées, rigolotes, amoureuses, pathétiques, agées, folles. Tous les mots franchissent sa bouche sans l’écorcher. On sent un fil conducteur, une règle de vie, une dynamique : se faire plaisir, être fidèle. A elle-même, à ceux qui comptent, au public. Je n’ai pas envie de citer de films ou de personnages, d’encenser le travail de l’actrice. Je retiens cette flamme qui l’enveloppe à chaque apparition. Parce qu’elle brûle et continuera de le faire, je sais qu’Annie n’est pas morte.