Dans le cadre de l’atelier E-criture chez Michel fondateur de « Ecriture Ludique », selon le thème : La première fois.
J’ai tout de suite pensé aux chansons de France Gall. Pas uniquement parce qu’elles parlent d’amour. Toute première fois s’accompagne d’une mélodie acidulée dans la tête, un frisson, de l’innocence, beaucoup d’enthousiasme. La première fois a quelque chose de lent, doux, comme un rêve, dont on émerge à peine, avec peine. La première fois provient d’une sorte de torpeur. On s’ébroue, se secoue, la vie est là qui invite aux expériences, aux excès. Bonheurs extatiques, déconvenues cuisantes. Et à l’instant des réminiscences, on ne dort pas, comme la toute, toute première fois où l’on a dormi dans ses bras. On se rappelle, avec fulgurance… Allégresse, détresse… Puis c’est de nouveau, la léthargie, l’engourdissement comme après une séance d’hypnose. La première fois fut un cataclysme, une révélation.
La première fois concerne des événements qui ont bousculé nos vies et dont nous avons conscience. Nos premiers pas ou nos premiers mots ne le sont que pour nos parents. Première balade à vélo, premier ciné, premier plongeon dans la piscine, premier baiser, premier enfant… Nos premières fois marquent les âges de nos vies. Nos premières fois, quelles qu’en soient les conséquences, sont nos avancées.
La première fois, on se retient pas chante France, de sa voix tendre, aigüe, édulcorée. Sa blondeur et ses fossettes, ses mouvements saccadés de la tête, lui apportent un supplément d’enfance. L’enfant tapi au fond de nous, ne nous quitte jamais, avec cet air buté, il est sur ses gardes. Il résiste, imprégné de la candeur, de la fraîcheur des premières fois. Dès que le souvenir s’impose à nous, il remporte une petite victoire.