L’étang use la lumière grise et chaude de midi
Et s’imprègne des chants d’une forêt endormie
Envol de colibris, cris aigus, sursauts brefs
Chuintements des ruisseaux dévalant le relief
Parcours inextricable, nature vierge et farouche
Palmiers, fougères et lianes forment un mur qui se couche
Et nos mains hésitantes fouillent la masse aveuglante
Du désordre tropical enserrant l’eau stagnante
Les pieds nus dans la boue, glissant dessus la mousse
Imprudents, mais heureux comme des chasseurs de brousse
Inventant le danger, butant sur des racines
Nous heurtons les mangoustes fuyant dans les ravines
Le décor brut se prête aux songes malhabiles
Nous sommes conquistadors en territoire hostile
Le ciel est notre armure et pèse sur nos têtes
Car ce temps chaud et lourd annonce la tempête
Grand Etang- Guadeloupe