C’est tout ce qu’on voit de lui en ce moment, un bref éclat, une lueur, qui n’aveugle personne, ne réchauffe pas. Une tache blanche sur fond gris, comme ces pellicules de films abîmées, qui cassent au milieu d’une projection. C’est un peu mon état d’esprit, la sensation d’être assise dans un fauteuil au cinéma, et alors que l’action se met en place, que les personnages s’étoffent, que les scènes acquièrent une intensité et qu’on touche au drame ou à l’hilarité générale, clac, ça coupe, ça fige.
Un rayon de soleil paraît, et on attend la suite, de l’or dans les cheveux, des bras nus, des clignements d‘yeux. Lézarder à la terrasse d’un café, s’asseoir sur un banc dans un jardin, cheminer dans un sous-bois. Mais là-haut quelqu’un refuse d’appuyer sur le bouton, quelqu’un se dérobe. Et coupe nos élans, nos désirs. Les manteaux s’imposent encore, les écharpes, les bonnets, les gants ? Une semaine encore, on nous assure que ça ne durera qu’une semaine de plus… Les jours allongent inutilement, parce qu’à part ce petit plus de jour disponible, ils n’offrent pas encore, ici, dans la région parisienne, la suite du film. Vous savez, la charge de la cavalerie, les indiens, les cow boys, Ian Solo et Dark Vador, le final de Alien. Et au bout la lumière, intense, impérieuse, dominante. Devrons-nous attendre l’artifice du changement d’heure pour que le printemps daigne afficher sa mine enjouée de héros vainqueur ?