Le casse-tête cette semaine chez Sherry est : eau.
Ce fut ma première vision du lac, une étoffe, du velours miroitant au soleil de juillet. Une superposition de reflets bercés par un vent tiède, un éventail de nuances bleutées serpentant vers l’autre rive. Je m’y vautrais, m’y noyais, j’étais une amoureuse banale et trahie. J’avais le vertige et contemplais un autre lac, limpide et clair. Et faux. J’avais été une midinette. Hier encore, l’eau de tes prunelles alimentait ma soif d’amour. J’aurais pu rester des heures, perchée dans les hauteurs, le regard aimanté et humide. Toute volonté éteinte. Ma peine s’atténuait, je n’étais plus que cette chose attirée par l’eau.
J’étais loin de la berge et du clapotis des vaguelettes, il y avait foule autour de moi. Alors j’avais ignoré l’appel des profondeurs, ce trou noir que l’on devine et qui tournoie au centre de l’étendue glacée. Je n’étais pas assez folle, assez malheureuse ou forte. Je n’aurais pu remplir mes poches de cailloux et avancer, déterminée telle une Virginia Woolf en proie au mal de vivre. J’avais mis de la distance, de fines branches balançaient devant moi, tels des cils. Comme pour me fermer les yeux, un instant, m’inciter à l’oubli. A ne plus voir ensuite que l’eau paisible et dormante, bordant les rives d’un été italien propice aux belles histoires d’amour.