C’est l’été sur les Calanques. Le soleil a fondu dans l’eau en gouttes bleues, huileuses, éblouissantes. Nous montons par des chemins escarpés encouragés par les pies et les cigales. C’est tout là-haut vous verrez !, crient-elles sur notre passage. Nous apercevons Notre Dame au loin, scintillante. Nous longeons de petites maisons étagées, cachées au milieu des pins et des oliviers. Un chien nous accompagne, il traîne la patte mais persiste et nous suit. Il halète bruyamment, nous couve de ses yeux jaunes. Nous nous arrêtons un instant, une courte halte le temps de nous désaltérer. D’ici nous observons les plongeurs. Ils glissent le long des canots et disparaissent sans bruit sous la surface limpide, au creux du vallon.
On dirait que les bateaux sont de longues dents accrochées à des gencives de tuile rose. Comme si l’ogre avait ouvert la bouche et qu’une sorte de vertige nous prenait soudain. Le désir de nous précipiter, de nous élancer au centre vers ce miroir « multibleu », d’en briser la quiétude. Quelque chose nous retient cependant. Quelque chose nous attend, patience. Nous poursuivons notre montée dans la fournaise, le nez au vent.
Le vent. Un souffle chaud vient de la mer et tente de stopper notre escalade. Nous fermons les yeux et nous laissons porter, perchés au bord du nid creusé dans les falaises. L’océan autour est immense et un ange frotte ses ailes à nos cheveux. Nous sommes au paradis. Rien de plus fort à espérer, à souhaiter.
Nous sortons les appareils photos.