Je viens d’achever la lecture difficile (pour moi), de « Mondo et autres histoires », de JMG Le Clézio. L’écriture est limpide, l’exploration par des enfants de la nature et ses mystères minutieuse, le fantasme et l’onirisme sont très présents. Par moments, on s’imagine volant avec l’auteur vers des univers parallèles où tout n’est que beauté, où l’on oublie sa peur.
Mais pour moi qui suis incapable de fixer mon attention trop longtemps, c’est beaucoup trop détaillé, fouillé. L’exploration des nuages et des bruits venant de la terre, les chuintements du vent incitent à l’évasion. Et je m’évade dans mes pensées. Je décroche du texte et, un ou deux paragraphes plus loin, je m’aperçois que j’ai perdu une partie de l’histoire. Alors j’essaie de revenir en arrière. Mais je bâcle, et je lis plus vite encore pour dépasser l’endroit où je m’étais réveillée.
J’ai des morceaux d’histoire, des gorgées d’émotion pure, d’ivresse, et des passages à vide. Alors je me lève, je me fais une tasse de thé, je mange un fruit ou je sors.
Dehors, le ciel est bas, gris, vide de nuages. Ou trop plein. Il pleut des gouttes sur mes lunettes. Les flaques d’eau polluée sur le goudron n’ont rien à voir avec les sols détrempés de Le Clézio. J’ai beau lorgner sur mes bottes, je n’aperçois que d’autres pieds sanglés, et des amis à quatre pattes. Nul petit rongeur, ou scorpion laissant ses traces comme de petits cheveux sur le sable. Le temps est étonnamment doux pour un début de janvier. J’enlève mon écharpe tellement j’ai chaud, malheureusement ça n’a rien à voir avec la douce chaleur des rayons d’un soleil caressant et déversant une lumière irréelle. Je marche, j’ai chaud c’est tout. Pourtant, ça vient peu à peu, une sorte d’apaisement, de délassement. Comme si ma lecture influait sur mon mental. Comme si l’on pouvait mettre en parallèle des mondes différents et éprouver des sensations identiques. Comme s’il ne suffisait de presque rien. Un bon livre même difficile, pour partir, ailleurs, et se sentir bien, ici. Je rentre, il est temps.