L’autre soir chez Benoît Duquesne, il m’a bluffée. Comme s’il avait compris que regagner l’estime et la confiance de son public devait passer par une mise à nu, sans fard, sans artifice. Le langage était saccadé, coupé par des quoi, quoi, tranchants comme des couteaux. Il avait un débit de mitraillette difficile à contenir pour l’animateur. Qui, à mon avis, aurait souhaité qu’il prenne son temps, qu’il mesure ses paroles. Mais la sincérité de JDL, c’était justement ça. Parler, libérer un torrent de paroles, raconter l’enfance dans un flot de disputes parentales. L’adolescence de pochetron, la célébrité mal vécue du jeune adulte. Les dérapages de l’homme mûr. Le mariage avec la coke, la séparation difficile, les rechutes. Les résolutions, s’en sortir, arrêter de se détruire les fosses nasales. Pour son fils, ses amis, sa famille et tous les anonymes habités par les mêmes démons.
Et moi j’ai vu dans ce visage lisse à lunettes, un peu amaigri les peurs d’un enfant, la crânerie d’un ado, la fierté d’un adulte et les doutes. Ceux qui poussent à poser les vêtements usés sur le chemin. Et à reprendre la route avec de nouveaux habits. Parce qu’avec le temps la vie nous fournit d’autres atours. Et avec de l’expérience, on sait ce qui nous va.