L'artiste croqué en révolutionnaire, par lui-même.
L’espace accordé à l’exposition Boilly, au musée des Beaux-arts de Lille, au mois de Novembre était magnifique. Je ne connaissais pas l’artiste et j’ai découvert un Robert Doisneau des XVIIIème et XIXème siècle. D’une grande sensibilité, son regard est humaniste et incisif. L’optique et la lithographie le passionnent. Né en 1761 à La Bassée dans le Nord, il meurt en 1845 à Paris. Alors, ses peintures, très colorées, vivantes, sont le reflet de la vie quotidienne durant la révolution française, sous Napoléon puis sous Louis XVIII et Charles X.
Mme Boilly dont l'ombre se projette sur une toile vierge.
C’est un chroniqueur, avant la percée des journaux. La rue et ses révoltes, ses contrastes sociaux, ses misères, les fastes de la bourgeoisie, ses distractions sont les thèmes de ses tableaux. Son intérêt pour les sciences et les savants, tout est représenté. Il évoque l'arrivée des diligences, le folklore des déménagements, la reconnaissance du droit à l’instruction des femmes.
L'arrivée de la diligence.
La leçon de géographie.
Dans sa jeunesse il peint d’abord sa famille, ses amis, et de multiples portraits petits formats, qu’il réalise sur commande. Vers la fin de sa vie, il s’intéresse à l’art de l’illusion, au théâtre et à la caricature.
L'atelier du peintre Houdon entouré de sa femme et de ses filles.
Son sens artistique du trompe-l’œil est étonnant voire bluffant. Sa perception de la prostitution dans les jardins du palais royal est judicieuse et sans voyeurisme.
Reproduction sur une table, d'objets posés en trompe-l'oeil.
Prostitution au Palais Royal.
Il est l'un des premiers à sortir de la peinture académique, à s'inspirer de la rue, à faire du spectateur un voyeur. On peut ne pas aimer sa peinture très réaliste, précise, photographique, il apporte néanmoins un très beau témoignage sur son époque.