Je suis allée voir l’exposition Manet au Musée D’Orsay à Paris. Comme toujours, si on n’a pas réservé son billet sur internet, c’est bain de foule garanti pendant des heures au milieu des étrangers visitant la capitale. Et puis ça bouchonne à l’entrée devant le grand panneau où défilent les années clés du grand homme, son enfance, ses études, ses rencontres, ses partis pris politiques et intellectuels. Et puis on avance, on s’exclame, des réflexions pertinentes fusent dans le public. Et puis soi-même, on ne peut s’empêcher de remarquer savamment, que c’est beau, quel réalisme, oh ces couleurs, on croirait que tous ces personnages vivent !
Evidemment la foule stagne devant les tableaux mythiques et conspués pour certains, à l'époque de l'artiste : Olympia, Le fifre, Le déjeuner sur l’herbe. Ceux-là qu’on est venu voir tout spécialement, devant lesquels on aimerait rêvasser davantage et sans tout ce brouhaha autour. Evidemment on ne va pas cogner la foule mais on lui en veut un peu quand même.
Et puis il y a des tableaux moins connus, juste pour nous, des personnages, des natures mortes, des scènes religieuses, des paysages. On admire les contrastes, la transparence des dentelles, le soyeux des mousselines, l’expression des visages.
On découvre le peintre, sa famille, ses contemporains, Zola et le jeune Monet, son amitié pour Baudelaire, à travers son œuvre. On s’étonne de sa défiance envers les impressionnistes auxquels il refuse de se lier au début. On s’imprègne d’un homme et son temps. Mais cela n’est pas spécifique à Manet. La démarche qui consiste à s’enrichir, à apprendre, approfondir sa culture est la même partout, tout le temps, que ce soit au Musée, au théâtre, au ciné.
Portrait de Zola.
Ce qui compte au fond, c’est le sentiment qu’on éprouve, dès qu’on sort, une fois dans la rue, aujourd’hui en 2011. Et pour moi, c’est un trio de couleurs, rouge, blanc, noir qui danse. Un foisonnement de nuances pour chacune. Et ça claque au vent comme si Manet était un pays en fête, le drapeau national flottant au sommet de chaque toit.