C’est Betty que je vois. Avec sa grande bouche et ses dents écartées, ses seins aguicheurs et ses fesses comprimées dans un bleu de travail. Elle se prélasse à Gruissan, sur la plage, laissant des traces de pas ennuyés sur le sable. Elle en a marre d’attendre Zorg ou de l’aider à repeindre des bengalows en rose et bleu pour des clopinettes. La vie ce n’est pas ça, un boulot idiot, du temps perdu et un patron qui se fiche de toi. La vie ce n’est pas se pavaner, le torse luisant dans un marcel et un rouleau à peinture à la main. Après des journées passées à se frotter l’un à l’autre, à se repaître de la peau de l’autre et de son odeur, à ne pouvoir décoller son corps du sien, comme des poissons morts, comme des brins de paille entrelacés par le vent et les embruns, on a besoin de respirer.
Taillons la route, une camionnette à vive allure, vers n’importe où, n’importe quoi, autre chose. Le sel de l’existence, une explosion des sens, un feu d’artifice. Le jour se lève, et le soleil joue entre les arbres, éblouissant. Un sentiment de liberté intense, la vie dans l’urgence, abandonner sa sandale en plastique dans le sable. Et s’en moquer, se défaire de ces attributs de l’enfance, de même qu'on ne joue plus avec une pelle et un seau. Entrer dans la lumière comme un insecte fou chanterait Patricia Kaas. Monopoliser la scène comme elle, les spots de l’avenir braqués sur soi.
Trente-sept degrés deux, le matin. Comment empêcher la fièvre de grimper et de s’installer, jusqu’à la folie ?
Défi 77 chez Nounedeb: d'après photos: